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LES
RIVALITÉS COLONIALES

L’ANGLETERRE ET LA RUSSIE.

Il y a longtemps qu’on l’a dit, l’Europe est devenue trop petite ; à l’étroit chez elle, elle déborde de plus en plus sur les quatre parties du monde. Aujourd’hui, c’est la terre elle-même, dont nous faisons si facilement le tour, qui semble trop bornée pour nos voyageurs et nos savans, pour nos ambitions commerciales ou politiques. À la façon dont les peuples civilisés s’approprient le globe, se répandant à l’envi sur les deux hémisphères, s’assujettissant les peuples barbares et les terres encore vacantes, nous serons bientôt contraints de regretter de n’avoir pas à notre portée d’autres planètes où transporter nos produits et nos compétitions.

Une force d’expansion sans pareille, depuis le siècle de Colomb et de Gama, pousse l’Europe à étendre son empire dans toutes les directions à la fois, sur le vieux continent et l’Océanie notamment, le nouveau monde étant déjà aux mains de fils de l’Europe, qui bientôt s’y trouveront eux-mêmes à l’étroit. Jeunes ou vieux, continentaux ou maritimes, les états civilisés rivalisent de zèle et de hâte dans cette conquête de notre humble univers par l’homme blanc. En dépit de la nature et du climat qui semblent le repousser des régions tropicales, malgré de trop nombreuses déceptions militaires