Mein, à prendre comme base de leur commune politique le traité de Prague. Puissance slave, l’Autriche avait le même intérêt que nous à fermer à la Russie la route de Constantinople ; puissance allemande, son ennemi naturel comme le nôtre était la Prusse. Mais il ne pouvait être question, entre les deux gouvernemens, d’alliance formelle, tant que leurs armées ne seraient pas prêtes. M. de Beust nous demandait du temps pour la réalisation de son programme et pour sa réorganisation militaire. Il ne nous dissimulait pas les difficultés de sa tâche, il s’ouvrait à nous sur toutes choses avec une absolue confiance en nous exhortant à la patience. Il recommandait la politique expectante, il croyait que la France et l’Autriche étaient forcées d’attendre l’occasion et qu’il ne dépendait pas d’elles de la provoquer.
Les expériences que tentait le chancelier autrichien pour trouver une formule gouvernementale appropriée aux exigences si multiples de la monarchie, le déficit persistant de son budget, les menées russes sur le Danube et les menées prussiennes en Hongrie comme en Bohême, lui imposaient le devoir de se renfermer dans une stricte neutralité, qui d’ailleurs répondait au désir énergique des masses. A part les exaltés du parti militaire, qui brûlaient de prendre une revanche sur la Prusse, tout le monde comprenait qu’il s’agirait cette fois, en cas de revers, non plus d’une contribution de guerre, mais de l’existence même de l’empire. C’était un enjeu trop considérable, trop disproportionné aux avantages que pouvait réserver une lutte heureuse, pour ne pas y regarder à deux fois.
Rien n’était donc moins certain que le concours éventuel et effectif de l’Autriche tant que sa transformation intérieure et militaire ne serait pas accomplie. Ses sympathies nous étaient acquises, cela n’était pas douteux, elle ne voyait de salut qu’en nous ; mais tout indiquait que, par la force des choses, son intervention se bornerait, le cas échéant, si toutefois les chances nous étaient favorables, à une pression diplomatique sur les cours du Midi, et peut-être à la concentration de quelques corps d’armée sur les frontières de la Saxe et de la Silésie. Elle n’était plus en état de contrecarrer sérieusement l’action de la Prusse à Stuttgart et à Munich, elle avait perdu tout prestige et toute influence dans le midi de l’Allemagne, c’était la conséquence de ses défaites et surtout de son attitude à Nikolsbourg, où, sans prévoyance de l’avenir, elle avait, pour satisfaire ses ressentimens, livré ses alliés d’une façon méprisante à la vindicte prussienne. L’effacement du comte de Beust dans les cours méridionales, où il affectait de se faire représenter par des agens sans portée, n’avait donc rien qui pût nous surprendre. La circonspection lui était