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hauts alii et hauts tulafale. Ce sont eux qui sont, ou plutôt, qui étaient les grands propriétaires fonciers du pays. Les droits politiques s’exercent par les chefs et les tulafale réunis en assemblée de village quand il s’agit d’intérêts de village, et en assemblée de districts quand on discute des intérêts de district. l’autorité de ces assemblées, investies de pouvoirs législatifs et judiciaires, n’est jamais contestée dans le village ou dans le district, tandis que les réunions des chefs et des tulafale à Mulinuu, résidence du roi, sont considérées comme de pure forme. On y fait des discours, mais sans prendre de résolutions ; et, si on en prenait, elles n’auraient pas de sanction. Melietoa n’est roi que pour les trois puissances qui l’ont reconnu comme tel, il ne l’est guère, ou dans un sens très restreint, pour ses soi-disant sujets. Sauf un vice-roi titulaire et un juge suprême, tous deux résidant à Mulinuu, il n’y a pas l'ombre de gouvernement organisé, pas d’autorité, pas de prestige, pas d’impôts, pas un sou dans les coffres du roi, excepté les 20 dollars que lui paie mensuellement la municipalité.

En ce qui concerne la population indigène de l’Archipel, à défaut de recensement, on est réduit à se contenter des calculs approximatifs des missionnaires. Les instructeurs indigènes, wesleyens et congrégationalistes donnent le chiffre de 34,000 âmes. Les missionnaires catholiques le portent seulement à 30,000. Selon eux, la population aurait diminué de 6,000 âmes dans les trente dernières années.


Le commerce de ces îles est principalement entre les mains de deux grandes maisons allemandes, deutsche Handels und Plantagen-Gesellschaft, représentée par M. Weber, et Ruge et Cie, toutes deux de Hambourg[1]. Elles ont acquis des terrains d’une très grande étendue[2] et mènent de front les transactions commerciales et l’exploitation du sol. C'est par bâtimens allemands qu'elles expédient en Europe les produits de leurs plantations et qu'elles en importent les articles destinés à être répandus parmi les insulaires. La plupart des marchandises importées sont d’origine étrangère. Les cotonnades et les armes à feu viennent d’Angleterre, les ustensiles et les provisions d’Amérique ou d’Australie, le reste d’Allemagne.

  1. Les échanges commerciaux des deux grandes maisons d’Apia et de quatre petits négocians allemands sont de 112,500 dollars, ceux des commerçans de toutes les autres nations de 107,500 dollars. (Rapport du Dr Stübel, consul d’Allemagne à Apia, 18 décembre 1883.)
  2. En tout, aux îles Samoa, 6,314 acres. Elles y emploient 1,152 travailleurs recrutés principalement dans l’Archipel de la Nouvelle-Bretagne et de la Nouvelle-Irlande.