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Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 73.djvu/92

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la Nouvelle-Bretagne, la Nouvelle-Irlande, etc., dont les habitans appartiennent à la race mélanésienne. Ce sont des sauvages pour la plupart païens et anthropophages.

Dans d’autres groupes, principalement dans ceux de Tonga et de Samoa, les populations sont chrétiennes de nom et à demi civilisées. A Tonga, il y a un roi nominalement constitutionnel, le pouvoir suprême et absolu étant exercé par un missionnaire wesleyen. l’île de Wallis est habitée, comme celle de Futuna, par une population exclusivement catholique, et gouvernée par une reine qui considère un bref de Pie IX comme le plus précieux joyau de sa couronne. Des missionnaires catholiques sont les directeurs de sa conscience et de ses états. A Samoa, un roi impuissant se trouve en présence d'une communauté européenne et indirectement sous l’influence imparfaite et limitée des consuls anglais, allemand et américain.

Enfin, il y a une troisième classe d’îles dont les populations ont fait quelques pas dans la voie de la civilisation, respectent l’autorité de leurs chefs et restent attachées à leurs us et coutumes, mais ne possèdent aucun gouvernement organisé.

La Nouvelle-Guinée est une terre encore presque inconnue. On sait cependant que les habitant, quoique divisés en plusieurs peuplades d’apparence et de mœurs différentes, forment des communautés agricoles, vivent dans de grands villages bien construits, cultivent leurs terres et sont très jaloux de leurs droits de propriétaires fonciers[1].

Depuis la fin du siècle dernier, après que les capitaines Cook et Bligh eurent ouvert ces mers aux navigateurs, des aventuriers affluèrent en grand nombre, et bientôt le gouvernement britannique se vit obligé d’intervenir pour empêcher et réprimer, autant que possible, les délits et crimes commis par ses sujets. Plusieurs actes (le premier de George IV, 1824) furent publiés à cet effet. Le plus récent, aujourd'hui en vigueur, est le Pacific Islanders Amendment Act (1875), qui investit un haut-commissaire de la juridiction sur tous les sujets britanniques qui naviguent, trafiquent ou résident dans les parages et îles du Pacifique occidental. Il est établi que tout Anglais qui enlève des insulaires par la force ou par la ruse sera traduit devant la cour du haut-commissaire. l’ordre en conseil, conforme à cet acte publié en 1877, est donc en vigueur depuis sept ans[2].

  1. d’après le rapport de M. Chester, magistrat, résidant du gouvernement de Queensland à Thursday-Island du 30 août 1878, cité dans le Report of the Western Pacific royal commission, et d’après les informations verbales que le magistrat m’a données lors de mon pansage à Thursday-Island.
  2. La région à laquelle s’applique cette législation est définie vaguement. l’ordre en conseil nomme, il est vrai, les îles Friendly, Navigator, Union, Phoenix, Ellis, Gilbert, Marshall, Caroline, Salomon, Santa-Cruz, Rotumah, la Nouvelle-Guinée à l’est du 143e méridien est, la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Irlande, enfin les Louisiades, en tout une région de 3,500 milles de l’est à l’ouest, et de 2,500 milles du nord au sud. Mais il ajoute aussi toutes les autres îles du Pacifique occidental qui ne se trouvent pas dans les limites des colonies de Fiji, de Queensland et de la Nouvelle-Galles.