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LES
ORIGINES DE LA BIBLE

HISTOIRE ET LÉGENDE
(DERNIÈRE PARTIE.)[1].


I.

Les peuples voisins d’Israël et liés avec lui par la plus évidente fraternité, Édom, Ammon, Moab, eurent certainement des littératures, et il est probable que, vers le temps de David et de Mésa. l’observateur le plus attentif n’eût pas remarqué en Israël une appréciable supériorité de génie. L’inscription de Mésa est à cet égard le monument décisif. Mésa et David, quoique séparés par un intervalle de plus d’un siècle, ont absolument les mêmes limites intellectuelles, les mêmes idées religieuses, les mêmes tours de langage et d’imagination. Les cantiques, les proverbes, les récits de Moab et d’Edom devaient, vers 900 ans avant Jésus-Christ, peu différer de ceux d’Israël. Le caractère propre d’Israël commence avec les prophètes. Édom, Moab. Ammon, eurent sûrement des nabis, sorciers, comme furent les premiers nabis d’Israël[2]. Mais ce germe fut infécond. Une littérature, une religion, une révolution radicale ne sortirent pas de ces nabis non israélites. En Israël, au contraire, les nabis prirent de bonne heure une haute importance morale. La lutte s’établit entre eux et les rois ; ils l’emportèrent. C’est par le prophétisme

  1. Voyez la Revue du 1er mars.
  2. L’épisode de Balaam en est la preuve.