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Il avait su par les autorités municipales qui, par ordre, étaient venues le complimenter, que son ministère n’avait tenu compte, dans ses instructions, ni des habitudes, ni des intérêts locaux de ses nouveaux administrés. Frappé de ces doléances, il avait reconnu les fautes commises et promis d’y porter remède. Les ministres n’étaient pas restés insensibles au blâme qui leur était infligé, mais ils ne s’étaient soumis que dans une mesure étroite aux observations du roi. Les plaintes s’étant accentuées en même temps que le danger d’un conflit avec la France apparaissait plus imminent, on comprit à Berlin qu’il était urgent de changer de système et de racheter par des procédés plus généreux la politique à outrance que la bureaucratie, sous prétexte d’énergie, poursuivait dans les provinces annexées. Aussi l’irritation s’était-elle sensiblement calmée depuis qu’on était revenu sur les actes qui avaient le plus vivement mécontenté. Des délégués avaient été appelés à Berlin pour régler les différends et atténuer autant que possible la transition d’un règne à l’autre. Le gouvernement avait surtout été bien inspiré en restituant aux provinces conquises leurs caisses domaniales et en traitant avec une magnificence qu’on ne lui soupçonnait pas les princes dépossédés. Le sort du roi de Hanovre et du duc de Nassau n’avait plus rien d’affligeant. Il semblait qu’en les comblant on eût voulu en faire un sujet d’envie pour tous les princes allemands. On assurait au roi de Hanovre, sans porter atteinte à sa dignité par la condition préalable d’une abdication, un capital d’environ 120 millions de francs. Le duc de Nassau, dont le règne s’était passé en conflits avec ses états au sujet de ses biens domaniaux, se trouvait avoir 300,000 francs de revenu de plus qu’il n’avait étant prince régnant.

Cette conversion inattendue à des actes de générosité si peu conformes aux traditions de la cour de Prusse permettait de supposer qu’en accordant à ces deux souverains des compensations pécuniaires aussi considérables, on avait voulu donner des primes d’encouragement