1876, dans laquelle le candidat démocrate, M. Tilden, manqua d’une voix son entrée à la Maison-Blanche. La session fut absorbée par le règlement des difficultés relatives à cette élection si discutée ; aucune des mesures monétaires, pas plus la loi Bland que les autres, ne fut sérieusement soumise à la sanction du sénat.
Dans la session précédente, les silvermen avaient encore réussi à faire décider qu’une commission serait chargée d’étudier la question de la valeur relative de l’or et de l’argent, des changemens survenus dans cette relation, de leurs causes passagères ou permanentes, de leur effet sur le commerce, l’industrie et les finances, de l’opportunité du rétablissement du double étalon aux États-Unis, etc. Cette commission déposa, en mars 1877, dans de volumineux rapports, le résultat de ses travaux. Par 5 voix contre 3, elle recommandait la remonétisation de l’argent aux États-Unis[1] soit sur la base de la relation légale française 1 à 15 1/2, soit par une simple reprise du monnayage de l’ancien dollar argent avec la relation 1 à 15 99. Il suffisait dans ce dernier cas d’abroger la législation de 1873 et de rétablir le dollar de 412 1/2 grains dans son ancienne situation de monnaie légale.
Ces conclusions donnaient une véritable consécration au bill de M. Bland, conçu dans des termes presque identiques et que la chambre avait voté à la fin de 1876. Repris par celle-ci au début de la session extraordinaire (automne de 1877), il fut de nouveau voté avec une majorité considérable le 5 novembre. Le dollar de 412 1/2 grains d’argent standard était déclaré legal tender pour le paiement de toutes dettes publiques ou privées. Tous les particuliers pouvaient porter des lingots d’argent aux établissemens de monnaie et en faire frapper des dollars du type déclaré legal tender sans limitation de quantité. Le triomphe des propriétaires de mines d’argent était complet.
- ↑ Les huit personnages auxquels avait été confié l’examen du problème du double étalon, choisis, selon l’usage pour les enquêtes de cette sorte, partie dans le sénat, partie dans la chambre, partie hors du congrès, étaient : MM. Jones, Bogy, Boutwell, sénateurs; Gibson, Bland et Willard, représentans ; Groesbeck et Bowen. La majorité, composée de MM. Jones, Bogy, Willard, Cland et Groesbeck, présenta un rapport où on lit ce qui suit : « La véritable et seule cause de la stagnation qui sévit partout sur le commerce et l’industrie est le fait général de l’avilissement des prix de toutes choses provoqué par l’amoindrissement du volume de la circulation monétaire. Sans doute les mines, malgré une exploitation énergique, n’ont pas produit les métaux précieux en quantité suffisante pour donner satisfaction aux besoins croissans de monnaie dans le monde entier ; mais les maux dont on se plaint proviennent aussi de la folie qui a été commise lorsqu’on a rejeté un bienfait de la nature en dégradant un des deux métaux précieux. Les maux actuels datent de cette folie. C’est elle qui les a précipités et qui contribue à les aggraver encore dans une mesure énorme. »