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d’or pour 300 millions de dollars environ et des certificats d’argent pour 200 millions, au total, comme aujourd’hui, 500 millions de dollars, en espèces au trésor, en papier dans le public. La circulation en espèces continuerait à comprendre comme maintenant, environ 50 millions de dollars argent et 250 millions de dollars en monnaie d’or. On objectera à cette combinaison que la garantie du stock argent pour le papier-monnaie des États-Unis est absolument superflue et qu’une circulation de 500 millions de dollars papier reposant sur une réserve de 250 millions de dollars or offrirait la plus complète sécurité. C’est vrai, mais le stock d’argent existe ; on ne sait qu’en faire ; il n’est pas possible de l’utiliser sous la forme métallique ; il serait insensé de songer à le vendre. Il faut donc en tirer le meilleur parti possible, quitte à en perdre l’intérêt, et les États-Unis sont assez riches pour se résigner à un tel sacrifice.

La combinaison imaginée par le secrétaire du trésor est une solution possible de ce problème si complexe. On y découvre d’assez sérieux avantages, que l’on peut résumer comme suit. Elle arrête la continuation indéfinie du monnayage de l’argent, tout en offrant aux partisans de ce métal, qui comprennent la grande majorité du parti démocratique, la perspective d’une prolongation du monnayage pendant environ dix-huit mois. Elle met fin à l’existence d’un papier-monnaie dont les conditions de circulation sont, aux yeux des démocrates de l’ancienne école, attentatoires aux termes exprès du texte constitutionnel. Elle ne réduit pas le volume actuel de la circulation et ne met aucun obstacle à son libre accroissement dans l’avenir, tout en la rétablissant sur la base purement métallique. Elle ne peut provoquer aucun trouble dans les affaires, l’industrie, le commerce intérieur et extérieur du pays. Elle n’oblige point à vendre le stock d’argent acheté et monnayé par le trésor depuis février 1878 ; elle permet, au contraire, d’en faire un emploi utile sans aucune diminution de sa valeur nominale et en lui conservant son caractère de legal tender. Elle assure enfin le maintien côte à côte des deux types de circulation métallique, quelle que puisse être la baisse momentanée, s’il s’en produit une, sur le marché de l’argent en barres après la suspension des achats par le Trésor.

Ces propositions de compromis et d’autres analogues n’ont encore été discutées que dans la presse. Aucune n’a été jusqu’ici débattue au congrès. Les leaders des deux partis passèrent les premiers mois de la session à s’observer et à mesurer leurs forces. Le président de la chambre des représentans, M. Carlisle, du Kentucky, avait composé le comité du monnayage à peu près en nombre égal de partisans et d’adversaires de l’argent, M. Bland en tête de liste