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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

L’arrangement du conflit turco-grec a provoqué un mouvement général de hausse sur les fonds d’état étrangers. Selon toute probabilité, la spéculation parisienne aurait mis les circonstances à profit pour porter le 3 pour 100 au-dessus de 83 francs, et essayer d’engager une campagne d’affaires devant sa raison d’être au très brillant succès de l’emprunt, si la politique ne s’était jetée à la traverse de ces bonnes dispositions. L’agitation qui s’est produite sur la question de l’exil des princes a non-seulement enrayé la hausse annoncée, mais encore déterminé un certain nombre de gros souscripteurs de l’emprunt à ne pas attendre plus longtemps pour réaliser leurs bénéfices.

Notre marché a ainsi présenté pendant cette quinzaine une double physionomie. Tandis que la spéculation s’enflammait pour les rentes des pays voisins, elle s’est montrée froide et maussade pour nos propres fonds. Quant aux capitaux de placement, ils ne se sont occupés ni des affaires orientales ni de la rentrée des chambres, et se sont portés avec la régularité habituelle sur les titres favoris de l’épargne : obligations de nos grandes compagnies, des chemins de fer algériens, du Crédit foncier et des bonnes valeurs industrielles. Tout ce groupe de valeurs a bénéficié du retour sur le marché des fonds qui avaient été immobilisés pendant quelques jours par les préparatifs de la souscription publique à l’emprunt de 500 millions.

Bien que la question grecque ne soit pas encore complètement réglée et que de nouvelles contestations puissent surgir au moins sur des points de détail, la spéculation sur les places de Vienne, de Berlin et Londres a tiré immédiatement les conséquences de la certitude acquise que la paix serait maintenue en Orient. Elle s’est même refusée à attacher la moindre importance, soit à la proclamation adressée par le tsar aux marins de la flotte ressuscitée de la Mer-Noire, soit à l’espoir exprimé par le bourgmestre de Moscou, dans une allocution à l’empereur Alexandre, de voir bientôt briller la croix sur Sainte-Sophie.

Le 4 pour 100 or hongrois a monté de 84.10 à 85.25, tous les fonds russes ont gagné 1 à 1/2 pour 100, le 4 pour 100 d’Autriche a été porté de 92 à 93.80, le 5 pour 100 roumain de 90.50 à 93. Les obligations helléniques 6 et 5 pour 100 se sont relevés de 6 à 7 francs.

Le Turc consolidé n’a progressé que 0 fr. 10, mais la Banque ottomane