Il se félicitait d’abord de la sécurité qu’un mari trouve à la campagne; mais bientôt il le déclare : — j’ai compris
Que j’étais bien nigaud, quand ma femme est si sage,
De lui faire porter des fers... que je partage!
Et le témoignage de sa femme, qui n’a jamais aimé que Paris, s’accorde avec le sien :
Je m’ennuie, il s’ennuie, et nous nous ennuyons.
L’agreste Jalabert, ahuri bientôt et harassé par la vie mondaine,
fournit à son beau-frère un pendant convenable : c’est une marmotte
tombée dans un guêpier. Marguerite non plus, qui a des goûts paisibles, n’est pas contente; et Léon, qui de Paris à Brunoy fait la navette,
peut porter à Claire l’écho de ses plaintes :
Ses secrets sont souvent plus tristes que les tiens !
Aussi quoi d’étonnant que l’une prenne plaisir à recevoir le petit
cousin à sa table pour le déjeuner, et l’autre pour le dîner? Quoi
d’étonnant que Marguerite, ayant cette consolation, hésite à changer
de résidence, et réponde à Jalabert, qui lui demande ce qui lui plaît à
Paris : « Tout et rien !.. » — Cependant Léon essaie de se donner une
contenance, et Varenne, qui voit clair dans le ménage du voisin, de
même que le voisin chez lui, le désigne à Desrosiers :
Voyez-vous « Tout et rien, » qui brosse son chapeau!
Enfin, quoi de surprenant si la sœur, interrogée de même sur ce qui lui plaît à la campagne, fait une réponse pareille, — de sorte que son mari, quand Léon reprend sa posture, s’écrie avec une violence tragi-comique :
Léon, je te défends de brosser ton chapeau!
Tout cela est naturel et présenté aisément; les silhouettes de ces
divers pantins sont drôles, d’une drôlerie vraisemblable et modérée.
Comment l’auteur les manœuvre, il vaut la peine de l’observer, car c’est une des marques de son temps, ou plutôt du temps auquel il appartient; et, même si l’on n’en regrette pas la mode, cette marque franchement appliquée à une œuvre n’est pas désagréable à voir. L’art du théâtre, pour cette école, est surtout celui des oppositions : ne donnent-elles pas aux personnes ou aux situations plus de clarté,