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Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 76.djvu/380

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effectif ; il pourrait durer, car les flottilles, canonnières et torpilleurs trouveraient à renouveler leurs approvisionnemens dans l’escadre ou division des cuirassés et croiseurs ; ils pourraient aussi y changer tous les deux ou trois jours leurs équipages de manière à procurer à ceux-ci un repos nécessaire et faire donner aux malades tous les soins dont ils pourraient avoir besoin ; de cette façon, la plus grande difficulté de la navigation des petits navires et de l’existence prolongée des hommes à bord serait vaincue. Comme toutes les croisières possibles, celle-ci serait facile à tenir pendant la belle saison et offrirait des difficultés pendant l’hiver.

Terminons cette étude déjà trop longue par quelques mots en guise de conclusion.

Nous admettons le principe de la division du travail appliqué même à la guerre, mais d’une manière rationnelle, et c’est pour cela que nous voudrions notre établissement naval composé de trois éléments suivans : 1° flottille de torpilleurs n° 1 et n° 2[1], à peu près tels que ceux que nous possédons actuellement ; 2° flottille de canonnières n° 1 et n° 2. Les premières d’un très faible tirant d’eau, les autres calant 2 mètres (sauf dans la partie extrême arrière formant la cage des hélices) et pouvant se livrer à la navigation ; 3° la flotte proprement dite composé de cuirassés, de croiseurs, et d’avisos ; tous sont armés de canons et de tubes lance-torpilles ; donc, tous torpilleurs. Nos plus forts cuirassés seraient du type à peu près de la Triomphante, nos plus grands croiseurs du type à peu près de l’Aréthuse. Nos plus forts calibres seraient de 24 centimètres ; nos calibres usuels de 14, 15 et 16 centimètres ; les plus gros employés de préférence pour les pièces qui peuvent tirer en chasse ou en retraite.

Malgré le principe de la division du travail, il est bon que les bâtimens amiraux renferment en eux tous les instrumens de la guerre maritime et tous les élémens nécessaires au service de la guerre aussi bien qu’au service de la paix.

Dans les stations lointaines, le bâtiment amiral est la plupart du temps le seul grand navire de la division ; il est le soutien et la ressource des autres dans tous leurs besoins, et c’est sur lui qu’en cas d’événement imprévu tombe tout l’effort de la circonstance. On ne saurait employer à ce service des bâtimens inférieurs ans types que je viens d’indiquer.

Notre flotte (proprement dite serait donc à peu près telle qu’elle est aujourd’hui, à l’exclusion des cuirassés de premier rang, si coûteux,

  1. Les torpilleurs n" 2, les petits, comprendraient des porte-torpilles aussi bien que des lance-torpilles.