de traces, il est rigoureusement exact de les appeler des automates spirituels[1]. »
Pour soutenir cette thèse, M. Ribot remarque d’abord, avec raison, « qu’il n’existe pas de conscience en général » et que la conscience se résout en faits de conscience. — Mais dans ces faits, au moment précis où ils se produisent, la conscience n’est-elle point un élément plus fondamental que les autres ? Voilà la question. Il ne suffit pas de dire que la conscience se résout en faits de conscience ou en actes de conscience pour prouver qu’elle soit accessoire, car ce qu’il y a de senti, de représenté, de désiré, peut être l’essentiel de ces faits dans la réalité comme il l’est pour nous.
La première raison invoquée par M. Ribot comme par M. Maudsley, en faveur de l’automatisme, c’est que la conscience est un phénomène « absolument analogue aux autres. » — Peut-on admettre cette entière analogie ? En définitive, nous ne connaissons de la vie mentale que les élémens révélés dans l’état de conscience ; bien plus, nos notions mêmes des objets physiques, y compris celles du cerveau et de l’automatisme cérébral, sont composées avec des données de la conscience ; en un mot, nous ne concevons rien que dans la conscience et par la conscience. Il y a donc là un caractère spécial qui empêche de représenter la conscience comme un simple phénomène analogue aux autres, comme un « événement accidentel et de surcroît » qui, « au gré des circonstances, paraît ou disparaît. » La pluie est un événement de ce genre, qu’il n’est nullement nécessaire de lier à tous les autres événemens comme une condition constante ; mais la conscience est, en nous, une condition constante de l’existence des événemens pour nous ; elle est un facteur constant de la connaissance, en dehors de laquelle il n’y a pas pour nous d’existence saisissable. Comment donc mettre l’acte d’avoir conscience sur le même rang que la pluie, le vent, les météores, les maladies, la santé, tous les phénomènes produits par des circonstances changeantes et fortuites ?
Même dans les événemens extérieurs, il est impossible de placer tous les phénomènes sur le même plan ; il y a un fait physique qui apparaît comme la condition de tous les autres et auquel, par conséquent, on accorde dans les classifications la place d’honneur : c’est le mouvement. Puisque, dans les phénomènes intérieurs, il y a de même une condition universelle, la conscience, il est également impossible de ne pas lui concéder le premier rang. De plus, le mouvement même n’est connu que par la conscience. Nous avons donc, tout bien compté, une condition extérieure universelle,
- ↑ Les Maladies de la personnalité, p. 6.