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ne donne guère plus de 14 ou 15 hectolitres de blé à l’hectare, et ne les donne pas même partout, tandis que les rendemens supérieurs sont exceptionnels, mais le revenant que je mets en scène nous dirait qu’au dernier siècle le sol ne produisait guère que 9 à 10 hectolitres par hectare. Aujourd’hui la production du blé est représentée par 1 million d’hectolitres, et par plus de 900,000 hectolitres pour les autres céréales réunies. L’étendue des terres labourables atteint 350,000 hectares. La pomme de terre donne 900,000 hectolitres, et la betterave 225,000. Les légumes secs en donnent au-delà de 16,000. La Touraine élevait très peu d’animaux[1]. Le chiffre des chevaux était porté naguère à 31,000, celui de la race bovine à 38,000, celui des moutons à 188,000, celui des porcs, du moins naguère, à 52,000. Mais, dans cette énumération des richesses agricoles, tout incomplète qu’elle est, il faut insister sur la vigne, qui couvre aujourd’hui dans l’Indre-et-Loire 45,000 hectares produisant, dans les bonnes années, environ 1 million d’hectolitres. Nul rapport entre la viabilité d’autrefois et celle d’aujourd’hui. Ici, presque tout a été créé, sauf les voies navigables. La circulation s’étend sur 7,800 kilomètres, dont 355 pour les sept chemins de fer, 306 pour les six routes nationales, 1,210 pour les trente-huit routes départementales. Les chemins vicinaux sont évalués à 2,658. Les campagnes se sont mises en relation suivie avec les villes et avec elles-mêmes. En recevant par là les éléments de fécondation qui leur sont nécessaires, elles ont vu s’accroître la condition indispensable des perfectionnemens agricoles, le débouché. La baisse actuelle des terres n’empêche pas pourtant les domaines d’une certaine étendue, placés dans de bonnes conditions, de conserver une valeur considérable ; quelques-uns, rares sans doute, valent 10,000 francs à l’hectare, pour les terres à chanvre, 6,750 pour les prés, 4,500 et plus pour les vignes; les terres à chanvres rapportent de 300 à 450 francs, les prés 180, les vignes 120 à 150. Les terres à blé, exposées aux effets des saisons et de la concurrence, rapportent encore environ 3 pour 100 au moins, ou 2 1/2 pour ne tomber au-dessous que dans les cultures médiocres. Pour les prés, les revenus s’élèvent encore, quand les propriétaires vendent eux-mêmes ou font vendre par adjudication la coupe sur pied, auquel cas le revenu moyen atteint au moins 4 1/2, en moyenne. Le taux pour la vigne va parfois jusqu’à un revenu de 400 francs obtenu net, après déduction faite de 240 francs de frais de culture, et dans ces cas privilégiés, elle représente 8 barriques de vin de 220 litres chacune,

  1. Le Tableau de la Touraine, de 1760 à 1766, tracé par l’ingénieur que nous avons cité, en donne un chiffre des plus faibles.