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de l’ouverture, une autre propriété doit maintenant le consolider. Cette propriété est le foisonnement, qui représente un autre mode de mouvement après le mouvement résultant de l’élasticité. Les élémens doivent grossir au contact de l’eau, et, comme ils sont renfermés dans une cavité close de dimensions fixes, le matelas doit constituer, lorsque l’imbibition est complète, une muraille solide et ne cédant pas sous les plus vigoureux efforts. De sorte qu’il est permis de dire que, dans la seconde phase, l’eau devient l’agent le plus énergique pour empêcher l’eau de passer.

Pour que la matière s’anime dans ces proportions et soit douée de la vie qui la met en mouvement et en fait une masse qui s’agite, les élémens doivent être libres de toute enveloppe, de toute substance agglutinante, et, puisqu’il faut qu’ils prennent l’eau, il faut donc que le poids des compartimens ou caissons partiels qui contiennent le matelas, devienne variable et puisse augmenter : ce qui, du reste, est négligeable pour la flottabilité de combat, à la condition que ces caissons soient étanches.

La protection serait précaire si elle était sans durée, c’est-à-dire si la matière n’était pas absolument imputrescible et à l’abri des attaques des insectes.

Telles sont les conditions multiples qui font l’obturation automatique. Celles qui doivent assurer l’encombrement ne sont plus les mêmes.

D’abord, le corps doit être assez léger pour que l’armement du vaisseau de guerre puisse en accepter la permanence dans une vaste application. Le liège en tranches, qui pèse 250 kilogrammes au mètre cube, n’est pas acceptable : la construction navale ne saurait aller au-delà de 160 kilogrammes pour 1 mètre cube.

En second lieu, le corps encombrant doit représenter un poids invariable. Il faut que, sous la pression des plus fortes colonnes d’eau dans la pratique, sa densité reste inaltérée. L’encombrement ne représenterait qu’une sécurité factice si l’eau s’introduisait après coup d’une manière continue et venait troubler la ligne de flottaison.

En troisième lieu, le matelas léger encombrant doit former muraille; pas un interstice entre les briquettes, pas un pore du corps léger ne doit laisser passer une goutte d’eau.

Enfin cette défense doit être à l’abri de toutes les causes de corruption, et, comme pour le matelas obturant, il faut que les insectes n’y puissent pas vivre. Outre le caractère précaire que prendrait alors la protection, il n’est pas possible de songer à introduire à bord d’un bâtiment de guerre un foyer de corruption qui deviendrait forcément insalubre.