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facilement pourvu de la tôlerie nécessaire pour les matelas. En complétant ces dispositions à bord de tous nos cuirassés d’escadre par l’établissement de la protection du poste de commandement, on transformera la valeur de notre matériel de guerre. Le poids des matelas, des tôles d’enveloppe et du cuirassement du poste de commandement, atteindra environ, pour les grands cuirassés, le chiffre de 450 tonnes, que l’on compensera par le décuirassement d’une quantité correspondante sur les plaques de ceinture. La seule difficulté pourrait provenir de la présence du pont d’acier : mais il doit demeurer entendu que la défense s’organisera au-dessus et au-dessous de ce blindage horizontal laissé tel qu’il est. Il ne paraît pas que l’exécution de ces dispositions soit en désaccord avec les choses pratiques de la construction navale. Les allongemens de navires coupés en deux, les décuirassemens de certaines frégates transformées en écoles de canonniers, représentent, quoique dans un autre ordre d’idées, des travaux de transformation tout aussi considérables et qui n’avaient pas un caractère de défense nationale.

Sans doute les cuirassés d’escadre de 10,000 et de 11,000 tonnes, complétés ainsi dans leur défense par la flottabilité de combat et la protection du commandement, ne vaudront pas le nouveau type allégé et spécialisé dont la machine et la barre sont invulnérables, et dont le tirant d’eau est diminué. Mais, tels qu’ils seront devenus, ils représenteront un type mixte, introduit par la nécessité de vivre avec ce que l’on a et d’en tirer parti, et ce type sera d’une haute valeur.

Pour compléter la situation de nos hypothèses de guerre, nous supposerons que la flottabilité de combat est entrée rapidement dans une exécution pratique et que nous possédons quelques spécimens des trois types spécialisés pour le canon, pour l’éperon et pour la torpille.

C’est dans ces conditions que la lutte s’engage avec une marine qui s’est attardée et qui est composée d’après les idées que soutiennent les partisans de l’état de choses actuel. C’est la première situation de l’ennemi.

Quelque énergique que puisse être l’action des croiseurs, la lutte se transportera sur les côtes des belligérans, et on y livrera bataille. Les règles fondamentales de la tactique ne changent pas : chaque parti cherchera à diviser l’autre, à l’accabler par des forces momentanément supérieures et à le détruire en détail. Combien cette manœuvre ne sera-t-elle pas rendue facile par la flottabilité de combat? Nous avons dit les qualités défensives de la nouvelle unité mixte. L’artillerie ne peut rien sur sa flottabilité ; elle peut seulement, si elle possède la supériorité du calibre, atteindre la machine ou la barre du vaisseau complété. Quant à l’éperon et à la torpille, ces deux engins n’ont d’action que sur l’hélice et sur le gouvernail,