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comptait non-seulement qu’il ne se produirait pas une perte, si minime qu’elle fût, mais encore que le mouvement d’amélioration, interrompu après la dernière liquidation mensuelle, reprendrait son cours à l’approche de la liquidation suivante.

Les choses ne se sont pas passées ainsi. Il faut chercher tout d’abord l’explication de cette déconvenue dans ce fait que le concours des capitaux de placement provenant des paiemens de coupons et de loyers a fait complètement défaut. Soit que l’épargne ait été réellement très réduite cette année, par suite de la stagnation commerciale et industrielle, et du marasme général des affaires, soit que l’argent soit devenu plus défiant encore que par le passé, les millions auxquels la spéculation haussière donne toujours rendez-vous sur le marché en juillet n’ont pas paru à l’appel. Cette défection a quelque peu désorienté le parti de la hausse et lui a enlevé à la fois force et courage. Aussi l’a-t-on vu cette semaine, un jour qu’il poussait timidement le 3 pour 100 à 83.15, céder tout à coup, presque sans résistance, à une brusque irruption des vendeurs. En un instant, le 3 pour 100 a été ramené à 82.75, et depuis il a oscillé de ce prix à 83 francs, restant vendredi soir à 82.85. Le sort de la réponse des primes et de la liquidation s’est trouvé fixé. La double opération ne pouvait pas tourner à l’avantage des acheteurs.

Les dispositions assez moroses de la place ont été en outre attribuées à des hostilités dont l’émission du canal de Panama serait l’objet, et aussi à des appréhensions de plus en plus sérieuses concernant l’état politique général de l’Europe. Cependant, au début de la quinzaine s’était effectuée une poussée très vive sur la plupart des fonds étrangers. On ne parlait que d’entrevues entre ministres des grandes puissances, précédant et préparant des entrevues de souverains. Des garanties nouvelles du maintien de la paix allaient sortir de ces conférences solennelles où les personnages qui disposent des destinées du continent devaient échanger les promesses les plus pacifiques.

Après réflexion, le caractère des entrevues annoncées a paru moins rassurant. L’annonce que M. de Giers renonçait à rendre visite à M. de Bismarck a produit une impression fâcheuse. On a aussitôt parlé de rupture de la triple alliance. Le ton des grands journaux européens est devenu inquiétant, la presse russe se montrant fort agressive contre l’Angleterre et l’Autriche, et la presse allemande cherchant noise à la France. On a craint que les affaires ne se brouillent de nouveau avant peu dans l’Europe orientale, et les valeurs ottomanes ont été très offertes.

Malgré tout, c’est à nos rentes que cet état de l’opinion publique en Europe a encore porté le plus de préjudice. Elles ont légèrement fléchi, tandis que l’Italien a monté de 0 fr. 50, à 99.45; le Hongrois,