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culs de haute politique. Il y a cependant un lendemain à ces coups de théâtre. Car enfin le prince Alexandre a pu disparaître de la scène bulgare pour le bon plaisir du tsar, tout n’est pas fini.

Que fera-t-on maintenant pour régulariser la situation des Balkans ? Quelle sera la position du nouveau prince qu’on élira pour prendre la place d’un prince populaire dépossédé d’hier ? Voilà bien des questions épineuses qui peuvent s’élever au cours des événemens. M. de Bismarck et le tsar peuvent être de grands personnages, ils ne sont pas seuls dans le monde. Il s’agit d’une affaire européenne sur laquelle toutes les puissances, et l’Autriche qu’on croit retenir, et l’Angleterre et la France elle-même, ont le droit d’avoir une opinion comme elles ont leurs intérêts. Avant qu’on soit au bout, bien des calculs peuvent être trompés, et il est plus que douteux que M. de Bismarck, en croyant sauver la paix d’aujourd’hui par ses concessions à la prépondérance russe, ait préparé la paix de demain.

Ch. de Mazade.




LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE.


Les fonds français ont repris depuis le commencement du mois leur mouvement de progression interrompu, à la fin d’août, par les événemens de Bulgarie. Au moment de la liquidation, la spéculation était déjà rassurée sur les conséquences probables des divers incidens dont le prince Alexandre avait été successivement la victime et le héros. Non-seulement la paix n’était pas menacée, mais la confirmation éclatante de l’accord établi entre les deux gouvernemens de Berlin et de Saint-Pétersbourg sur les destinées futures de la Bulgarie dissipait encore toute appréhension relativement aux résolutions qu’une irritation croissante aurait pu suggérer au tsar.

L’abdication du prince Alexandre a mis fin pacifiquement à une situation qui, en se prolongeant, ne pouvait aboutir qu’à une intervention armée de la Russie. Nos spéculateurs ont mis à profit l’impression excellente résultant de la face nouvelle que prenaient les choses dans la péninsule des Balkans. Ils ont établi le 3 pour 100 ancien à 83 francs en liquidation et depuis ils l’ont poussé à 83,50. Ce n’est