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et les dépenses du budget ordinaire ; 2° supprimer le budget extraordinaire, ou plutôt incorporer ses dépenses dans le budget ordinaire et en assurer désormais le service à l’aide de ressources normales ; et, enfin, il s’est proposé d’alléger la dette flottante ou de réduire les sommes exigibles dans une certaine proportion. » On ne pouvait adresser aucune objection à ce programme, qui était l’abandon et la condamnation implicite de toutes les mauvaises pratiques par lesquelles on avait, depuis huit ans, complètement désorganisé les finances ; mais l’exécution de ce programme nécessitait trois projets de loi qui appelaient eux-mêmes diverses mesures complémentaires.

Le premier de ces projets de loi dans l’ordre logique comme dans l’ordre d’importance était le budget de 1887, présenté en recettes à 3,142,687,567 francs et en dépenses à 3,140,994,820 fr., soit avec un excédent présumé de recettes de 1,692,747 francs. Il y a entre ces chiffres et ceux du budget de 1886 un écart d’une centaine de millions qu’il est facile d’expliquer. Il a fallu faire rentrer dans le budget ordinaire les travaux publics neufs pour lesquels des engagemens avaient été pris. On les a classés dans une section spéciale, mais la dépense, prévue au chiffre de 90 millions, a été inscrite avec les autres crédits alloués au ministère des travaux publics. On a, de la même façon, sous le titre de Dépenses des protectorats, inscrit au budget des affaires étrangères 30 millions pour les frais d’occupation et d’administration du Tonkin, de l’Annam et de Madagascar. À ces 120 millions qui n’avaient pas figuré au budget de 1886, on a dû encore ajouter 25 millions pour des dépenses diverses, mais obligatoires, qui résultent de votes antérieurs du parlement et dont la plus considérable a pour objet l’application de la loi contre les récidivistes. Le total des charges nouvelles, provenant de ces trois chefs, est donc de 145 millions : il devait, dans la pensée du gouvernement, être compensé en partie par un allégement du service de la dette flottante au moyen de l’emprunt qui faisait l’objet d’un second projet de loi. En outre, si le budget extraordinaire avait subsisté, le ministre de la guerre aurait eu, en vertu des votes précédens du parlement, le droit d’y réclamer l’inscription d’un crédit de 115 millions pour solde du deuxième compte de liquidation : il réduisait sa demande à 105 millions ; mais il était nécessaire que cette somme fût comprise dans les crédits alloués à son département. Cette dépense, extraordinaire par son origine et ordinaire par son classement, n’était pas couverte par une recette correspondante : elle devait être prélevée sur le produit de l’emprunt, ce qui ne concordait guère avec l’argumentation de M. de Freycinet.