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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 septembre.

Par ce temps de vacances, par cette saison d’utile et bienfaisant repos où les théâtres de la politique sont provisoirement fermés, où ministres, sénateurs et députés sont en voyage ou dans leurs provinces, notre bon pays de France a du moins une certaine tranquillité.

Il n’a pas à se demander tous les jours s’il n’y aura pas pour le lendemain quelque surprise nouvelle, quelque question violente soulevée à l’improviste, des agitations factices toujours fatales aux affaires et aux intérêts. Il ne s’émeut guère des représentations ambulantes des personnages officiels, des excursions de M. le ministre de la guerre et des discours scabreux qu’on lui prête, des éternelles polémiques, amusement des jours oisifs. Il sait que tout cela n’a pas grande conséquence et n’est qu’une diversion d’automne. Il a la paix, une paix relative du moment, en l’absence de ceux qui, sous prétexte de le représenter et de le gouverner, sont perpétuellement occupés à le troubler dès qu’ils sont réunis. Malheureusement la trêve est de courte durée ; avant qu’il soit longtemps, elle sera finie ; les chambres vont se retrouver au Luxembourg et au Palais-Bourbon dans quinze jours, et avec elles reviendront les incidens, les violences de discussion, les excitations stériles, peut-être les crises de gouvernement ou de parlement. La représentation des partis recommencera avec le même cortège de passions et de fantaisies, de récriminations sans mesure et de conflits sans fin. Le temps qu’on pourrait, qu’on devrait employer à s’occuper des affaires de la France, on le passera encore une fois à s’agiter et à inquiéter le pays. C’est une sorte de fatalité à laquelle on ne peut se dérober, parce que les