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LE
DOMAINE RURAL
CHEZ LES ROMAINS

II.[1]
LES DIVERS MODES DE TENURE. LA VIE DE CHATEAU.


VI. — LA TENURE SERVILE.

Dans les deux derniers siècles de l’empire romain, la pratique du fermage libre devint plus rare. Celle de l’exploitation directe par des esclaves travaillant en commun fut aussi en partie abandonnée. Ce que l’une et l’autre perdirent de terrain fut peu à peu gagné par une pratique assez nouvelle, celle de la tenure. Celle-ci s’établit, non par l’effet des lois ou par la volonté des gouvernails, mais par une série d’habitudes insensiblement prises, et à la longue enracinées. Il la faut observer de près et en distinguer les trois formes diverses, suivant que cette tenure se trouvait dans les mains d’un esclave, ou dans celles d’un affranchi, ou dans celles d’un homme libre. C’est ici, d’ailleurs, la partie la plus difficile de notre sujet, celle pour laquelle nos documens sont le plus insuffisans. Il y a eu tout un côté des habitudes romaines dont les écrivains et les jurisconsultes n’ont presque jamais parlé et que nous n’entrevoyons qu’avec la plus grande difficulté.

Le caractère essentiel et précis qui distingue le servage de la glèbe de l’esclavage rural que nous avons vu précédemment est

  1. Voyez la Revue du 15 septembre.