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Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 77.djvu/875

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L'ORIGINE DE L'INSTINCT
ET DE
L'ACTION REFLEXE

G. Romanes. — L’Évolution mentale chez les animaux. Suivi d’un Essai posthume sur l’instinct, par Ch. Darwin. — 1884.

L’étude de l’instinct a un intérêt particulier pour le philosophe, parce que l’instinct est sur la limite commune du mécanisme et de l’intelligence. Les religions antiques voyaient dans l’instinct une sorte de mystère divin : le culte des animaux eut en partie son origine dans l’étonnement causé par la sagesse muette des bêtes, qui semblait supérieure à l’intelligence même de l’homme : instinct, génie, divination, semblaient choses voisines, révélant la présence d’un dieu. Jusque de nos jours, l’instinct est resté pour les spiritualistes un des grands argumens en faveur des créations spéciales de la providence, des causes finales particulières. Les partisans de l’automatisme, au contraire, ont essayé de réduire l’instinct à un jeu d’organes aussi exclusivement mécanique, dit M. Maudsley, que celui d’une « pompe » ou d’une « machine à vapeur. » Selon eux, une seule impression automatiquement suivie d’une seule contraction, par exemple un coup sur la jambe suivi d’un recul immédiat de la jambe, constitue l’action réflexe simple ; une série variée de contractions ou de mouvemens répondant à une série d’impressions, comme les mouvemens divers de l’oiseau naissant pour attraper les mouches au passage, constitue l’instinct, qui, selon l’expression de M.