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core, qui a été comme le fondement du nouvel empire austro-hongrois. Il n’ignorait pas, d’un autre côté, que, si l’Autriche voulait se refaire une situation en Europe, elle avait besoin de renouer des alliances, et il est bien certain que, dès les premiers momens, il avait tourné ses regards vers Paris. Entre l’Autriche et la France il y avait des préoccupations, des dangers, des intérêts communs ; M. de Beust le savait, et en employant sa diplomatie à rétablir le crédit de l’Autriche à Saint-Pétersbourg comme à Londres, il suivait avec une attention particulière ce qui se passait à Paris. Il considérait la cause de la France comme la cause de l’Autriche, il ne le cachait pas. Malheureusement les affaires françaises étaient alors si étrangement conduites qu’à l’heure décisive, au moment où éclataient les tragiques événemens de 1870, rien n’était assuré, et la rapidité des catastrophes rendait impossibles des alliances qui auraient été simples et naturelles.

M. de Beust a cru devoir quelquefois se défendre d’avoir manqué à ses engagemens envers la France en ne prenant pas les armes pour elle. Il n’était pas engagé, en effet, à se précipiter les yeux fermés et à précipiter l’Autriche dans une guerre pour laquelle ii a’avait pas été consulté ; il était du moins assez compromis par ses sympathies pour que sa situation devînt difficile après la catastrophe de la France, et dès 1871, il était obligé de quitter la chancellerie de Vienne pour aller représenter l’Autriche comme ambassadeur à Londres, puis à Paris, où il a laissé les souvenirs d’un diplomate alliant à un esprit libre et actif la bonne grâce mondaine et les goûts d’un lettré. Ministre de Saxe ou chancelier d’Autriche, M. de Beust ne peut pas passer pour un homme d’état du premier ordre. Il a été un de ces politiques un peu déclassés dont la carrière est toujours contrariée. Il n’a eu d’abord qu’un petit théâtre pour déployer ses facultés ; quand il a eu un plus grand théâtre, les circonstances lui ont manqué, ou ne l’ont pas favorisé. Il reste au demeurant une des figures de cette diplomatie d’autrefois qui s’efface de plus en plus devant la diplomatie nouvelle de l’audace et de la force.

Ch. de Mazade.





LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE.




Le 3 pour 100 français, il y a quinze jours, était en réaction accentuée sur les cours cotés au début du mois. De 83.05 il avait été ra-