à faire des transports ne soit pas traité par le fisc comme un cheval de luxe, comme un cheval de course. Je n’ose m’inscrire en faux contre la distinction faite entre les chiens selon leur degré d’utilité. Je ne me plains pas, je l’avoue, qu’il taxe les chiens de chasse, et surtout les petits carlins, ornement incommode de certains salons. J’approuve qu’il exempte les chiens de garde, et que, plus sensible que Buffon, il n’ait pas oublié le chien de l’aveugle. Nous aurions vu avec plaisir que M. Léon Say s’étendît un peu davantage sur les taxes somptuaires, partie assez importante de certains programmes démocratiques. Il n’y touche qu’à propos de la révolution, qui en fit un usage malheureux. Peut-être y aurait-il lieu de distinguer les impôts contre le luxe, et certaines taxes sur le luxe. M. Say n’a pas de peine à démontrer qu’en tout cas ces taxes ne sauraient aller bien loin sans être fort préjudiciables, et qu’on ne les rend tolérables qu’en acceptant qu’elles soient peu productives. La démonstration est faite chez nous, et, en Angleterre même, où elles ne sauraient entrer dans aucune mesure en balance avec les grands impôts de consommation.
Les considérations historiques et politiques fortifient et complètent ces vues générales. La démocratie fiscale a été vue à l’œuvre dans le passé. Elle se manifeste sous nos yeux mêmes chez plusieurs nations dans des taxes inspirées plus ou moins de son esprit. M. Say parcourt ce vaste champ d’expériences, sans remonter toutefois au-delà du moyen âge, bien que les républiques de l’antiquité puissent fournir aussi quelques exemples. Athènes a connu l’impôt progressif, et c’est à propos de la république athénienne que Montesquieu par le de cette taxe dans une de ces phrases laudatives qui prouvent qu’il ne voyait pas toujours où peuvent aller certaines idées. Une logique plus sûre, en même temps que plus hardie, en devait faire voir plus tard la pente et le danger. Florence est moins loin de nous qu’Athènes; elle nous ressemble davantage. C’est là qu’il faut voir fonctionner les taxes progressives sur le capital et sur le revenu avec leur mobilité, leur mouvement ascendant ou descendant selon que l’un des deux partis l’emporte. C’est là qu’elles revêtent le caractère personnel le plus agressif. Il n’est nulle part plus visible que l’esprit de parti, avec ses passions acharnées, prime ici les sages calculs de l’économie politique. On se demande ce qui pouvait résulter pour le bien public de ces tarifs à échelle qui, dans certaines périodes, firent peser un fardeau vraiment énorme sur un petit nombre de citoyens. Assurément la masse y gagnait moins en