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Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 78.djvu/785

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professe, engage par sa nature les hommes au bien et les détourne du mal. En vérité, c’est une religion vraie et non une secte fausse. Il y a en Chine une ancienne loi qui la prohibe. Maintenant, pour apprécier dignement le traitement si plein de bonté de l’empereur de votre noble empire, et parce que c’est la religion que votre noble empereur et votre nation professent et ont eu grand honneur, et aussi parce que c’est elle qui a inspiré à Votre Excellence les sentimens élevés qu’elle manifeste, il est absolument de mon devoir d’envoyer en toute hâte une claire représentation à l’empereur de la Chine afin que dorénavant il soit trouvé bon que les Chinois de l’intérieur puissent suivre publiquement cette religion et qu’on ne le leur impute pas à crime… » Quelques lettres furent encore échangées pour préciser la question ; puis, selon sa promesse, le vice-roi Ki-yng envoya un rapport au trône concluant à ce que la liberté d’exercer leur culte fût concédée aux chrétiens dans tout l’empire. Ce document passa sous les yeux de l’empereur Tao-kouang et reçut l’apostille au pinceau vermillon, qui est la forme officielle de l’approbation impériale. M. de Lagrenée en eut connaissance au mois d’août 1845, à Macao, où était installée la légation de France. A sa demande, Ki-yng envoya une circulaire aux autorités de toutes les provinces pour leur notifier la décision de l’empereur. Ces premières dispositions furent confirmées et complétées par un décret impérial, en date du 20 février 1846, dont voici la traduction exacte :

« Ki-yng et ses collègues nous ayant adressé une pétition dans laquelle ils demandaient que ceux qui professent la religion chrétienne dans un dessein vertueux fussent exempts de culpabilité, qu’ils pussent construire des lieux d’adoration, s’y rassembler, vénérer la loi et les images, réciter des prières et faire des prédications, sans éprouver le moindre obstacle, nous avons donné notre adhésion impériale à ces divers points pour toute l’étendue de l’empire.

« La religion du Seigneur du ciel, en effet, ayant pour objet essentiel d’engager les hommes à la vertu, n’a absolument rien de commun avec les sectes illicites quelles qu’elles soient : aussi, nous avons accordé déjà qu’elle fût exempte de toute prohibition, et nous devons également faire aujourd’hui toutes les concessions qu’on sollicite en sa faveur, savoir :

« Toutes les églises chrétiennes, qui ont été construites sous le règne de Kang-hi dans les diverses provinces de l’empire et qui existent encore, — leur destination primitive étant prouvée, — seront rendues aux chrétiens des localités respectives où elles se trouvent, à l’exception toutefois de celles qui auraient été converties en pagodes ou en maisons particulières.