du fleuve Tabasco, découvert l’année précédente par Grijalva et dont Cortès se proposait de remonter le cours. Ses navires n’ayant pu franchir la barre de sable qui défend encore aujourd’hui l’entrée de ce fleuve, le capitaine espagnol fit mettre ses canots à la mer pour débarquer ses soldats. Mais les Tabasqueños qui, l’année précédente, avaient amicalement reçu les navires commandés par Grijalva, se montrèrent cette fois hostiles et méfians. Cortès leur dépêcha Aguilar, pour leur offrir la paix et leur demander des vivres ; ils accordèrent les vivres et déclarèrent qu’ils s’opposeraient à tout débarquement. Plusieurs escarmouches, que suivit bientôt une bataille sanglante, rendirent les Espagnols maîtres de Centlan, alors capitale des Tabasqueños. Sage dans sa victoire. Ceortè offrit de nouveau la paix et réussit à ramener dans leurs demeures les habitans de l’importante cité. Un traité d’alliance fut conclu, et, au nom de leur souverain, les Espagnols prirent officiellement la tutelle de la contrée. Les indigènes ne comprirent évidemment rien à cette cérémonie, bien que, formalité qui fait sourire, elle leur eût été solennellement notifiée, à haute voix, en langue espagnole et en pleine place publique, par un notaire royal assermenté!
Le roi de Centlan, afin de montrer à ses nouveaux amis sa bonne volonté, leur envoya, au moment où ils disposaient de son royaume, des provisions de bouche et des présens. En même temps, il leur fit don de vingt jeunes esclaves destinées, selon la coutume indienne qui encore aujourd’hui laisse exclusivement cette tâche aux femmes, à moudre le maïs nécessaire à la préparation du pain de leurs nouveaux maîtres. Cortès ordonna aussitôt d’instruire ces jeunes femmes des vérités de la religion chrétienne, puis de les baptiser. L’exilée de Païnala, qui se trouvait parmi elles, fut convertie par Aguilar et le père Olmedo, baptisée sous le nom de Marina, et placée sur le navire commandé par le capitaine Puerto-Carrero.
Reprenant la mer et continuant à longer les côtes, les Espagnols, après plusieurs jours de navigation, vinrent jeter l’ancre devant la rade d’Ulua. On connaissait déjà, sur ce point, les combats de Tabasco. Une foule immense, non hostile pourtant, suivait du regard les évolutions des navires espagnols et invitait par signes leurs équipages à débarquer. Redoutant quelque traîtrise, Cortès ordonne de ne pas répondre à ces avances. Alors plusieurs canots, se détachant du rivage, se dirigent avec confiance vers le navire du général, Aguilar se présente pour connaître les intentions des visiteurs ; mais, à sa grande stupéfaction, il ne peut ni les comprendre ni se faire comprendre d’eux, la langue aztèque qu’ils parlent n’ayant aucune ressemblance avec celle des mayas.
C’était là une découverte fâcheuse, une sérieuse cause d’embarras