la place Saint-Honoré, à Aix. La maison que mentionne l’adresse ayant été vendue par M. D’Olivary à l’occasion de son mariage, en 1741, l’envoi du document en question est forcément antérieur à cette date. C’est une copie fort lisible, mais très mal orthographiée. En voici le début : « Il me semble qu’un éditeur de rapsodies, comme vous, aurait dû ménager un compilateur de bons arrêts, comme moi. » Nous savons déjà que l’auteur de la lettre est un arrêtiste, retenons ce point qui nous permettra de trouver son nom. « En effet, continue-t-il, si la lettre injurieuse contre M. Autrement, mon beau-père, que vous donnez au public sous le nom de Mme de Sévigné, est sortie de la plume de cette dame, pourquoi ne l’avez-vous pas supprimée, ou si vous vous êtes fait une loi de rendre publiques toutes celles qu’elle a composées, pourquoi supprimer celle que je vous envoie sous cette enveloppe? » Le dilemme est pressant, et nous voilà au courant de l’affaire : l’arrêtiste est le gendre d’un M. Autrement, et celui-ci est injurié dans une des lettres publiées. — Mais poursuivons notre lecture : « Vous n’avez pas sans doute fabriqué la première[1] pour donner une idée de votre style épistolaire, (car) c’est une des plus plaies de vos quatre volumes. » Les deux derniers n’avaient donc pas encore paru et nous sommes reportés à 1736, au plus tard. — l’arrêtiste revient ensuite à la seconde lettre, celle qu’il soupçonne Perrin d’avoir supprimée. Si c’est l’absence de date qui l’a déterminé à cette suppression, pourquoi, dans son « assommante préface, » s’est-il vanté d’avoir si bien réussi à les rétablir? Il le raille, non sans raison, de s’être escrimé à des changemens de mots, trop insignifians pour ne pas être un témoignage de la vigueur extrême de son imagination. Mais alors, reprend l’arrêtiste, « pourquoi vous en prendre à M. Autrement? C’était un pauvre gentilhomme allemand qui, au su de tout le monde, avait été gouverneur et non valet de M. le marquis de Grignan. » — Pareil en cela à ceux qui, ayant lu jaunisse, voient tout en jaune, M. le chevalier correcteur aperçoit partout des valets, parce que son aïeul Perrin était celui de M. Artus d’Olivary[2]. Mais ce n’est pas tout, et voici, « tel qu’on le débite dans notre ville, le vrai motif de votre haine et de votre vanité contre ce pauvre gentilhomme. » Selon l’arrêtiste, que nous
- ↑ Celle où il est question d’Autrement; c’est la 328e de la première édition de Perrin, t. IV, p. 19; elle est datée de Livry, mercredi 7 octobre 1676. — Cette lettre débute par une plaisanterie à propos d’une locution provençale dont Mme de Sévigné affecte de se servir, et que le prudent chevalier avait eu soin d’enlever.
- ↑ Henri-Honoré d’Olivary, à qui le document en question avait été adressé, était arrière-petit-fils de Pierre Olivary ; conseiller au parlement, dont le frère aîné, Artus, possesseur d’un remarquable cabinet d’antiquités, mourut à Aix, sans enfans, en 1652