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Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 79.djvu/473

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 janvier.

Allons, en attendant la fin qui en décidera, avec une variante du vieux proverbe, tout est bien qui commence bien. Si ce n’est tout, c’est du moins quelque chose d’entrer dans l’année nouvelle sans ce triste et assourdissant cortège de mauvais bruits, de fausses rumeurs et de menaçans pronostics qui ont mis un instant l’Europe en émoi. C’est déjà quelque chose de pouvoir recueillir quelques paroles plus réconfortantes ou moins alarmantes, d’entendre parler de la paix et de ses bienfaits par ceux qui ont autorité dans les conseils des peuples.

Le monde est un peu comme ce personnage de comédie qui n’aimait pas à entendre la lecture d’un contrat de mariage, où il n’était question que de sa mort. Le monde n’aime pas non plus les discours et les polémiques où il n’est question que des catastrophes et des guerres qui vont éclater. Il trouve, non sans raison, que c’est un régime malsain ; il préfère être tranquillisé et il a eu un peu partout, pour commencer l’année, des déclarations, des paroles qui ont pu le rassurer ou tout au moins lui permettre de respirer après ses récentes paniques. Il y a quelques jours à peine à Berlin, avant le retour retentissant de M. de Bismarck, il y a eu une cérémonie certainement unique, destinée à célébrer le quatre-vingtième anniversaire de l’entrée de l’empereur Guillaume dans l’armée prussienne, et le prince impérial a parlé de la paix maintenue depuis quinze ans en homme qui souhaite qu’elle ne soit pas troublée. Le premier jour de l’an à Paris, M. le président de la république, en recevant la diplomatie étrangère, s’est plu, lui aussi, à rappeler