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12,000. Une inscription provenant de la petite métropole, et retrouvée il y a deux ans, donne par paroisse ou mahalas le nombre des maisons. Il y avait 35 paroisses et 1,235 maisons en octobre 1822, ce qui permet d’évaluer à 6,845 le nombre des habitans. C’est cette année même, c’est-à-dire dès le commencement de la guerre, que furent créées les éparchies ou arrondissemens pour toute la Grèce et que l’on commença à se préoccuper de la statistique; l’éparque d’Athènes était alors Michel Soutzo, celui qu’on appelait communément Mikhal-Voda. De la même époque, à peu près, je possède la copie exacte d’un grand panorama d’Athènes, dont l’original appartenait à mon collègue, feu le professeur Lacroix. Il représente la ville vue du nord-est, avec l’acropole et la mer au fond. On y suit tout le développement de la muraille turque, et on remarque qu’il n’y avait aucune maison hors de l’enceinte. Athènes était donc très petite et répondait à ce qu’on appelle aujourd’hui encore « la vieille ville. »

Le plan de la future Athènes fut dressé peu après la fondation du royaume sous l’administration bavaroise ; il a été publié en petit par Aldenhoven et reproduit sur la grande carte de Grèce de notre état-major. Depuis cette époque, il a été modifié sur plusieurs points et notablement étendu. On ne prévoyait pas l’extension que la capitale devait prendre. Devant le palais du roi, construit dans la partie haute de la ville, on ouvrit une longue et étroite rue, la rue d’Hermès, et une autre à angle droit avec elle, la rue d’Éole. Elles devaient être les deux grandes artères de la circulation ; elles n’ont pas tardé à être dans Athènes aussi étroites que la rue Saint-Denis et la rue du Roi-de-Sicile dans Paris. La ville nouvelle a donc été s’éloignant de l’ancienne et de l’acropole. Une loi défendit de construire sur le sol de l’antique Athènes, qui, selon Thucydide, dessinait un cercle autour de la citadelle ; ainsi les nouvelles rues furent tracées au nord et à l’est de l’enceinte musulmane, s’étendirent dans la plaine et gravirent les pentes du Lycabette.

Telle est l’origine raisonnée de la nouvelle Athènes. Le lecteur sera bien aise de savoir comment s’y sont aménagés les 100,000 habitans qui ont succédé aux 6 ou 7,000 de 1822. Eh bien! il faut le reconnaître, Athènes est maintenant une des plus jolies villes de l’Europe. C’est une ville de marbre, blanche et fraîche, que la fumée et les brouillards ne ternissent pas et qui prendra à la longue la nuance dorée du Parthénon. Elle a des rues droites et larges, plantées d’arbres et garnies de spacieux trottoirs de marbre blanc. On y abat la poussière avec de l’eau, qu’un système de tuyaux souterrains amène dans tous les quartiers. Cette eau, de qualité excellente, manquait encore de mon temps; on venait de découvrir