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Ces règles élémentaires de l’hygiène publique sont aujourd’hui admises par les économistes, par les ingénieurs comme par les médecins ; mais elles n’ont pas encore traversé toutes les couches sociales, elles ne sont pas arrivées partout à la connaissance des intéressés. Dans les petites localités, on y est en général assez indifférent, et cela tient à une connaissance insuffisante des nécessités qu’impose la vie en commun dans toutes les agglomérations humaines, et à l’ignorance des moyens pratiques d’y donner satisfaction. L’état doit remplir son rôle de tuteur à l’égard de ces populations et prendre en main les intérêts de leur hygiène. Il doit leur signaler les travaux indispensables, en leur imposant l’obligation de les exécuter, et les y aider au besoin. Pour remplir ce rôle de tuteur d’une manière efficace, pour présider avec méthode et économie à la transformation hygiénique du pays, il faut d’abord que l’administration se. transforme elle-même, ainsi que je vais le montrer.


III.

Bien que l’hygiène des campagnes ait moins d’importance que celle des villes, on y trouve pourtant bien des améliorations à introduire et bien des causes d’insalubrité à faire disparaître. Il reste encore en France environ 500,000 hectares de marais à dessécher, sans compter les prairies noyées par les inondations périodiques de nos grands fleuves, sans compter le§ mares infectes, les chemins transformés pendant l’hiver en véritables, fondrières et tant d’autres causes de maladies dans l’énumération desquelles je ne saurais entrer. Les défrichemens, les opérations, de drainage, les terrassemens, les digues à élever, les reboisemens des hauteurs, sont au-dessus des ressources des communes, et ce sont là pourtant des dépenses, doublement productives. Les défrichemens dans les régions palustres, le dessèchement des marais, ont pour effet de substituer une population saine et vigoureuse à quelques pauvres familles rongées par la fièvre ; ils remplacent des terrains improductifs par des champs fertiles dont le rendement a bientôt couvert les frais de transformation. Le résultat obtenu dépasse souvent toutes les espérances. Nous en avons un exemple dans le défrichement des landes de Gascogne. Depuis leur assainissement, la population a augmenté dans une proportion considérable. Le taux moyen de la vie humaine s’y est élevé d’un sixième, et le chiffre des naissances y dépasse celui des décès. D’un autre côté, il s’est développé dans le pays une richesse forestière telle que les landes, dont