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Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 79.djvu/69

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Figuier. Le lendemain, la première brigade se porta au camp du TIelate, qu’elle trouva tel à peu près que le général Trézel l’avait laissé cinq mois plus tôt ; c’était une remarque déjà faite ailleurs que les Arabes n’avaient pas l’idée ou ne se donnaient pas la peine de détruire les terrassemens élevés par les Français. Le 29, après voir traversé, sans rencontrer un seul ennemi, la forêt de Mouley-Ismaël, l’armée descendit dans la plaine du Sig ; à midi, sous un soleil radieux, mais qui n’avait plus ses ardeurs meurtrières, elle marchait allègre, confiante, bien conduite, dans un ordre admirable : en tête, au son des hautbois et des tambourins arabes, les Douair, les Sméla, les Turcs d’Ibrahim, drapeaux flottans, bannières au vent ; puis les quatre brigades dessinant un losange au milieu duquel s’avançait la masse du convoi, surveillé par la réserve. Avant la nuit, elle bivouaquait, en carré, sur la rive gauche du Sig ; les indigènes seuls étaient sur la rive droite. Là, au pied des montagnes qui le séparaient de Mascara, le maréchal reconnut d’abord la difficulté d’engager dans leurs gorges sans routes la batterie de campagne et les autres voitures. Le 30, seize cents travailleurs, relevés de trois heures en trois heures, depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, construisirent sur la rive gauche de la rivière un vaste camp retranché capable de contenir, sous la garde d’un millier d’hommes, les parcs de l’artillerie, du génie et de l’intendance. On vit, pendant le travail, des cavaliers rôder, ou plutôt se promener tranquillement aux alentours, quelques-uns même jeter quelques paroles de paix aux gens d’Ibrahim. Le maréchal fit couper court à ces tentatives suspectes ; si l’émir voulait négocier, il n’avait qu’à le faire nettement, sinon il fallait combattre.

Pour l’obliger à se déclarer, tout au moins à déployer ses forces, le général Oudinot reçut, dans la matinée du 1er décembre, l’ordre de pousser une reconnaissance vers la gorge du Sig. À midi, deux compagnies de zouaves, trois bataillons sans sacs, deux escadrons de chasseurs d’Afrique et cent cinquante Turcs s’élancèrent à l’attaque des premiers mamelons occupés par l’ennemi ; les avant-postes furent abordés au pas de course, culbutés, mis en déroute ; mais alors, du fond des ravins où ils se tenaient cachés, les Arabes accoururent en foule. La reconnaissance avait atteint son but ; le général Oudinot fit sonner la retraite. Engagés le plus avant au milieu des tentes abattues, les zouaves et les chasseurs d’Afrique n’entendirent pas d’abord ou ne comprirent pas le signal, et, quand ils se décidèrent à reculer, ils ne le firent que lentement. Autour d’eux le flot des assaillans grossissait comme la marée montante ; trois ou quatre volées de mitraille les dégagèrent, et la colonne, reformée en bon ordre, reprit, sans se laisser entamer, la direction du camp. À mi-chemin, elle rencontra trois bataillons que le maréchal