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et ces villages ne peuvent pas avec leurs seuls malades nourrir un médecin. Le jeune praticien arrivant des capitales de l’Europe sait qu’il trouvera dans les campagnes de son pays une double disette, celle des idées et celle du pain ; il reste donc à Athènes, et la ville s’encombre de médecins sans malades.

Cet état de choses durera tant que d’autres carrières savantes ne seront pas ouvertes. Elles commencent à s’ouvrir, mais la porte n’est encore qu’entre-bâillée. Quand elles pourront utiliser un plus grand nombre de sujets, on verra la répartition des élèves entre les chaires se modifier : ceux du droit et de la médecine diminueront; les élèves de la section de philosophie, surtout ceux des chaires de sciences, se multiplieront dans la même mesure.

Les gymnases donnent l’enseignement secondaire et répondent à nos lycées et à nos collèges. En 1886, leur nombre est de trente-six : deux ne fonctionnent pas encore ; un, celui de Gythion, en Laconie, a dû s’ouvrir le 13 septembre dernier. Athènes compte cinq gymnases ou lycées, dont deux, réunis sous le nom de Varvakion, ont été dotés par M. Varvakis et fonctionnent avec les revenus de la dotation. Les trois autres appartiennent à l’état et sont portés au budget. Dans les provinces, quatre lycées sont entretenus par des fonds privés, trois par des communes, le reste par les fonds publics. Cette dernière année, le nombre des élèves a été de 4,704, dont 1,127 pour les lycées d’Athènes. Syra, Patras et Calamata se sont partagé 991 élèves. Le reste est distribué entre tous les autres collèges, dont le plus petit, celui d’Agrinion, n’a réuni que 28 élèves. Cette dispersion de l’enseignement secondaire sur un grand nombre de points s’explique par deux raisons, la séparation des plaines par de grandes montagnes et la difficulté des communications ; il faut ajouter à ces causes matérielles le besoin où sont les parens de retenir leurs enfans près d’eux, soit pour leur assurer la vie de famille, soit pour éviter des dépenses trop grandes.

Nous devons présenter ces données statistiques à nos lecteurs, car ce sont les bases les plus solides sur lesquelles ils puissent fonder un jugement impartial et certain. Les écoles dites helléniques répondent à peu près à nos écoles primaires supérieures ; on leur a donné ce nom, parce qu’on y enseigne la langue et la littérature des anciens Hellènes. Le nombre de ces écoles est de 327 pour tout le royaume, réparties entre les seize nomes ou départemens ; mais, sur ce nombre, 12 ne sont encore que sur le papier et seront successivement organisées. Ces écoles supérieures ont été fréquentées l’année dernière par 15,875 élèves; c’est un beau chiffre pour une population de 2 millions 1/2 à peine d’habitans. Les chiffres de l’enseignement primaire sont encore plus satisfaisans : les écoles de