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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




28 février.

Puisque la fortune a fait de la volonté d’un homme l’arbitre de la paix universelle, et d’un acte tout intérieur d’un grand empire, des élections de l’Allemagne, un événement européen, on attendait naturellement avec une assez légitime anxiété cet énigmatique scrutin. On était impatient de savoir ce qu’il serait, ce qu’il signifierait dans la situation du continent, quelle influence il aurait sur les résolutions de celui qui décide de tout, qui est arrivé à ce point de dangereuse puissance où il ne peut plus faire un mouvement sans secouer le monde. C’est aujourd’hui un fait accompli; le scrutin a dit son secret, les résultats sont à peu près tous connus, sauf les ballottages, qui ne changeront guère l’ensemble de cette manifestation demandée à l’Allemagne. Le chancelier de Berlin aura ce qu’il voulait, il aura son septennat, son « armée de l’empereur » fortifiée, soustraite pour longtemps au contrôle parlementaire; il a dès ce moment une majorité ralliée à ses desseins. Sous ce rapport, il a gagné la partie qu’il a si audacieusement engagée, sans craindre de remuer toutes les passions en Allemagne et d’agiter l’Europe, réduite à un perpétuel qui-vive.

Telles qu’elles sont, il est vrai, ces élections allemandes ne laissent point certainement d’offrir par elles-mêmes plus d’une particularité curieuse. Le résultat essentiel est obtenu sans doute, puisqu’il y a une majorité pour le septennat, premier objet de la politique du chancelier; il n’a cependant pas été conquis sans peine. Le gouvernement