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il provoque, menace et défie[1] ; il traite de haut en bas son adversaire, parfois même il l’outrage en face et lui jette au visage les imputations les plus injurieuses[2] ; il divulgue les secrets de sa vie privée, de son cabinet, de son alcôve ; il diffame ou calomnie ses ministres, sa cour et sa femme[3] ; il le blesse exprès à l’endroit sensible, il lui apprend qu’il est une dupe, un mari trompé, un fauteur d’assassinat ; il prend avec lui le ton d’un juge qui condamne un coupable, ou le ton d’un supérieur qui gourmande un subordonné, au mieux, le ton d’un précepteur qui re-

  1. Avant la rupture de la paix d’Amiens (Moniteur, 8 août 1802) : «Le gouvernement français est aujourd’hui plus solidement établi que le gouvernement anglais. » — (Moniteur, 10 septembre 1802) : « Quelle différence entre un peuple qui fait des conquêtes par amour de la gloire et un peuple de marchands qui devient conquérant! » — (Moniteur 20 février 1803) : « Le gouvernement le dit avec un juste orgueil : l’Angleterre ne saurait aujourd’hui lutter contre la France. » — Campagne de 1805, 9e bulletin, paroles de Napoléon devant l’état-major de Mack : « Je donne un conseil à mon frère, l’empereur d’Allemagne : qu’il se hâte de faire la paix ! C’est le moment de se rappeler que tous les empires ont un terme ; l’idée que la fin de la maison de Lorraine serait arrivée doit l’effrayer. » — Lettre à la reine de Naples, 2 janvier 1805 : « Que Votre Majesté écoute ma prophétie : à la première guerre dont elle serait cause, elle et ses enfans auraient cessé de régner ; ses enfans errans iraient mendier dans les différentes contrées de l’Europe des secours de leurs parens. »
  2. Le bulletin annonçant la marche d’une armée sur Naples « pour punir les trahisons de la reine et précipiter du trône cette femme criminelle, qui, avec tant d’impudeur, a violé tout ce qui est sacré parmi les hommes. » — Proclamation du 13 mai 1809 : « Vienne, que les princes de la maison de Lorraine ont désertée, non comme des soldats d’honneur qui cèdent aux circonstances et aux hasards de la guerre, mais comme des parjures que poursuivent leurs propres remords... En fuyant de Vienne, leurs adieux à ses habitans ont été le meurtre, l’incendie. Comme Médée, ils-ont de leurs propres mains égorgé leurs enfans. » — 13e bulletin : « La rage de la maison de Lorraine contre la ville de Vienne. »
  3. Lettre au roi d’Espagne, 18 septembre 1803, et note au ministre espagnol des affaires étrangères, sur le prince de la Paix : «Ce favori, parvenu, par la plus criminelle des voies, à un degré de faveur inouï dans les fastes de l’histoire... Que Votre Majesté éloigne d’elle un homme qui, conservant dans son rang les passions basses de son caractère, n’a existé que par ses propres vices. » — Après la bataille d’Iéna, 9e, 17e, 18e et 19e bulletins, comparaison de la reine de Prusse avec lady Hamilton, insinuations très claires et redoublées pour lui imputer une intrigue avec l’empereur Alexandre. « Tout le monde avoue que la reine est l’auteur des maux que souffre la nation prussienne. On entend dire partout : Combien elle a changé depuis cette fatale entrevue avec l’empereur Alexandre!.. On a trouvé, dans l’appartement qu’occupait la reine de Prusse à Postdam, le portrait de l’empereur Alexandre, dont ce prince lui a fait présent. »