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conditions plus élargies, de façon à rallier une plus forte majorité dont on avait besoin surtout dans un intérêt de politique extérieure. M. Depretis, pour aider au su. "es de cette tentative, avait même accepté de se réfugier simplement dans la présidence du conseil en laissant le ministère de l’intérieur à M. Saracco et en consentant à un remaniement partiel du cabinet. La combinaison n’a pas réussi, parce qu’elle ne contentait personne, ni les dissidens de la droite, qui refusaient d’avance leur appui au nouveau ministère, ni une partie de la gauche froissée par l’exclusion de quelques-uns des anciens ministres. Le cabinet Depretis-Saracco est mort avant d’avoir vécu. Il ne restait plus dès lors qu’à choisir entre un ministère de la droite sous la présidence de M. de Robilant et un ministère de la gauche formé avec M. Crispi, M. Cairoli, M. Nicotera. Le ministère de la droite ne pouvait pas même compter sur une majorité d’un jour. Le ministère de la gauche n’aurait pas eu non plus une majorité, et, en outre, l’arrivée de la gauche au pouvoir aurait pu, pensait-on, être mal interprétée dans un moment où l’Italie est en grandes négociations avec quelques-unes des puissances de l’Europe. Qu’en est-il résulté? C’est qu’après bien des essais et des détours on en est revenu tout simplement à l’ancien ministère tel qu’il existait il y a un mois, avec M. Depretis, M. de Robilant, M. Magliani. Seulement, c’était l’ancien ministère revenant affaibli par une longue crise d’impuissance, nécessairement atteint dans son autorité et dans son crédit. Dès sa première rencontre avec le parlement, M. Depretis l’a senti. Pressé et assailli d’interpellations, menacé par une motion d’hostilité déclarée, il a nettement fait appel à la confiance de la chambre et il n’a obtenu qu’une petite majorité de vingt voix. Il a donné sa démission il y a un mois parce qu’il trouvait insuffisante une majorité de trente-quatre voix; il n’en a plus que vingt aujourd’hui après sa résurrection, il en aurait eu sans doute encore moins avant peu. Le ministère du roi Humbert s’est provisoirement tiré d’affaire par une prorogation du parlement; mais ce n’est pas une solution.

C’est dans ces conditions cependant que s’agite à Rome la question qui est pour le moment la grande, l’unique préoccupation des Italiens, qui est, au fond de tout, la question du renouvellement des alliance. L’Italie, le gouvernement italien, se donne en vérité beaucoup de mal pour se créer peut-être des embarras, et il y a des journaux qui ne feraient au besoin qu’ajouter à ces embarras par des récits assez ridicules où ils font le compte des dépouilles opimes que l’Italie recevrait pour prix de son alliance. Assurément on n’a point à nous dire qu’il ne faut pas prendre au sérieux les fantaisies des nouvellistes. Non, l’Italie n’a pas promis ses soldats à l’Autriche contre la Russie pour un morceau du Trentin ; non, elle n’a pas promis son armée à l’Allemagne