les secrets de la métrique. Si encore on pouvait s’y donner tout entier ! Si l’on n’avait qu’à classer les acéphales, les lagares, les prociles, les monoscèmes, les pentascèmes, les décascèmes, les catalectiques, les brachycatalectiques et les hypercatalectiques ! Mais la science des nombres est là, qu’on ne peut apprendre que par une lecture acharnée ; puis le zodiaque et les douze signes du ciel, et l’art de l’astrologie, et le calcul de l’horoscope, toutes choses difficiles qu’aucun docteur n’a pleinement élucidées. « De tels arcanes, très saint-père, dit en terminant l’abbé, ne peuvent être explorés que par une méditation fréquente et prolongée. » Ces sciences n’étaient assurément pas considérées comme de simples auxiliaires dans l’éducation sacrée ; on les aimait pour elles-mêmes, et n’était que l’auteur parle de la Nativité au début de sa lettre, et du poids de ses péchés à la fin, on le prendrait pour un pur érudit.
Boniface fut un très bon élève, qui passa en lisant « bien des minutes, bien des heures et bien des années. » Il a sans doute étudié le droit romain ; il a certainement appris le droit canon. Autant que personne surtout, il a obéi au précepte de Moïse : « Le livre de la loi ne sera jamais éloigné de ton visage ; tu le méditeras tous les jours et toutes les nuits. » Son biographe vante la connaissance qu’il avait acquise des saintes écritures, et ses lettres en témoignent. Il possédait « l’éloquence de l’art grammatical ; » la grammaire, en effet, était une rhétorique, et Boniface a fait une forte rhétorique ; il sait tourmenter sa phrase et l’obscurcir sous des fleurs fanées. Il est un métriste, et nous avons de lui des vers à tours de force. Écolier distingué entre tous, il passa bientôt maître. Sa réputation attira auprès de lui de nombreux disciples. Son autorité fut grande sur ses élèves ; un d’entre eux, écrivant à une religieuse une épître qui semble un devoir travaillé, appelle Boniface « notre maître à tous. » Il se réjouit d’avoir eu pour maître particulier « cet éclaireur céleste, à qui sont connus les secrets des cœurs. » — « C’est lui, dit-il, qui a ouvert l’œil de mon esprit et qui arrose chaque jour ma poitrine aride de la pluie céleste du nectar d’en haut.
Des études si variées donnaient à l’esprit beaucoup de lumières, mais des lumières diffuses. Ces hommes, qui voulaient tout apprendre, ne savaient le tout de rien. Ils ne comprenaient bien ni l’esprit des lois, ni le génie des écrivains, ni les secrets de la science. Ils peinaient à la surface des choses. Ces moines, fils de barbares, ne demandent point à la vie antique la moelle qui les pourrait nourrir et fortifier pour une vie nouvelle : ils dévorent avec avidité la pâture qui leur est offerte et languissent dans la torpeur d’une mauvaise digestion. Leur esprit est comme opprimé par une éducation