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POÉSIE

FRAGMENT D’UN POÈME INÉDIT
LE BONHEUR.

Faustus a rejoint, sur une nouvelle planète, Stella, jeune fille qu’il avait aimée sur la terre et qu’il y avait vue mourir. Elle lui révèle la plus haute expression de la musique et revêt devant lui sa parfaite beauté. Ils échangent leur amour dans une communion sublime.

FAUSTUS.


Que cette matinée en ce beau lieu m’apaise !
Sa fraîcheur, qui m’inonde et me pénètre d’aise,
Dissout le reste amer de mon terrestre ennui,
Jamais je n’ai senti, Stella, comme aujourd’hui,
La parenté secrète et l’harmonie intime
De l’âme et du bonheur que le printemps exprime.
Cette aurore au sourire immense et caressant
Fait songer à l’espoir d’un grand amour naissant;
Le tendre affaissement de ce vallon qui rêve
Rappelle l’abandon d’un baiser qui s’achève;
Vois là-bas dans la brume onduler ce coteau.
Rose au bord d’un lac bleu qui miroite et se plisse
Il semble qu’une Hébé s’éveille avec délice.
Froissant le lit soyeux que lui fait son manteau ;
Cette haleine est vraiment la grâce qui respire.
Ce qu’elle dit aux fleurs, l’amour l’aurait pu dire;