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Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 81.djvu/426

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On voit les brumes du matin,
Que disperse la tiède Aurore,
En légers lambeaux de satin
Sur les prés se traîner encore,

Errer sous la brise un moment.
S’allonger, s’éclaircir, s’étendre,
Puis disparaître entièrement
Dans l’azur gai, limpide et tendre;

Faustus voit ainsi le passé,
Aux douceurs du chant qui commence,
Se fondre et se perdre, effacé
Dans la béatitude immense.

Son regard étonné trahit
Combien cette paix sans mélange
Qui le pénètre et l’envahit
Lui semble doucement étrange ;

Avait-il jamais pu goûter
Rien de bon, depuis sa naissance,
Qu’une amertume à redouter
N’en corrompît pour lui l’essence?

Mais à mesure que décroît
Le nuage ancien qui l’obsède,
Avec moins de surprise il croit
Au calme ignoré qu’il possède.

Il sent enfin s’évanouir
Du souvenir les derniers restes,
Il peut boire aux urnes célestes.
Certain de n’en rien laisser fuir.

Pendant qu’il s’abandonne au suave bien-être
Qui partout comme un baume apaisant le pénètre,
Et que, dans un linceul de joie enseveli,
La paupière abaissée il savoure l’oubli,
Le bonheur le plus vif, le plus doux, le plus rare,
Pour lui ravir les sens et le cœur, se prépare.
Stella, qu’il ne voit pas, debout à son côté.
Revêt une nouvelle et suprême beauté.