la frontière du Tyrol et de la Bavière. Force fut bien alors de changer de ton et de justifier ce qu’on ne pouvait plus empêcher. — « Tant de disgrâces accumulées les unes sur les autres, écrivait tristement Chavigny, une armée en fuite, le cri des courtisans, les conseils pressans des malintentionnés, tout cela a ébranlé l’électeur,.. si bien que, pour le faire court, il fut décidé, hier matin, qu’on répondrait dans la journée aux propositions du comte de Colloredo ; de suite la réponse fut projetée, sous la direction du maréchal de Seckendorf. » — Le ministre autrichien n’avait donné que deux fois vingt-quatre heures pour la recevoir. Effectivement, quarante-huit heures après, Colloredo rencontrait le plénipotentiaire bavarois dans la petite ville de Fuessen en Bavière et la capitulation était signée.
Elle ne pouvait être plus complète, car toutes les exigences de Marie-Thérèse y recevaient satisfaction, sauf une seule qu’on avait consenti, non à écarter complètement, mais à laisser dans l’ombre en l’atténuant. L’électeur n’était plus tenu de passer immédiatement d’un camp dans l’autre, et d’ennemi de l’Autriche de devenir son auxiliaire. Il s’engageait seulement, par un article secret à mettre à la disposition des puissances maritimes un corps de 12, 000 hommes, à la condition qu’en retour elles lui accorderaient un subside égal à celui qu’il allait perdre du côté de la France. On lui épargnait ainsi le scandale de se mettre directement, du jour au lendemain, en lutte, sur le terrain même de l’Allemagne, avec ses alliés de la veille. Mais pour que la promesse fût sérieuse et constituât de sa part une obligation véritable, l’Autriche consentait à lui avancer un acompte, sur les subsides promis, de 400,000 écus le jour même de la ratification du traité. L’engagement de voter à Francfort pour le grand-duc fut aussi rejeté dans un acte également secret annexé au traité public. Maximilien avait réclamé cette faveur, et ne l’obtint qu’en promettant d’employer toute son influence pour que son exemple fût suivi par ses cadets de la maison de Bavière, les électeurs de Cologne et Palatin.
Ces concessions n’étaient pas considérables, mais, quelques modestes qu’elles fussent, on eut encore de la peine à les faire agréer de Marie-Thérèse. Le secret gardé en particulier sur l’objet qui lui tenait le plus au cœur lui semblait renfermer une arrière-pensée suspecte qui excitait sa méfiance. Elle laissa clairement voir ce sentiment dans une lettre adressée de sa main à l’électeur, où des assurances affectueuses lui étaient données sur un ton de menace : « Autant j’ai été heureuse, lui disait-elle, de la signature des préliminaires qui amènent la réconciliation de nos deux maisons, autant il m’a été pénible d’apprendre que ce qui était convenu entre nous était encore mis en doute… Tout le mal est venu de la lutte de nos maisons, et rien ne peut être réparé que par leur union. J’ai