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plaques parallèles, auxquelles on donne le nom de strates, de couches, et quelquefois aussi de bancs et d’assises. Il est certain que les roches de cette grande catégorie, quelle que soit leur composition, ont été formées dans la mer ou dans des lacs, par des sédimens et par des organismes : une première preuve de cette vérité est fournie par leurs cailloux et leurs sables, dont l’origine ne peut différer de celle des dépôts actuels de l’Océan ; les innombrables débris d’animaux marins, devenus fossiles, en sont un témoignage plus éloquent encore ; enfin, la disposition par couches complète l’analogie avec les sédimens contemporains. Le granit et les roches cristallines de la même famille constituent le soubassement universel des roches stratifiées. Tous les terrains dont il vient d’être question peuvent être traversés par des masses minérales, disposées en plaques irrégulières plus ou moins verticales et qui contrastent d’ordinaire avec la nature des parties encaissantes. Ayant surgi de régions très profondes, elles sont désignées sous le nom de roches éruptives.

Parmi ces divers matériaux, il en est qui refusent passage à l’eau et sont imperméables. Au premier rang se présente l’argile, silicate d’alumine hydraté très abondant, surtout à l’état de mélange avec la chaux carbonatée, c’est-à-dire de marne. Le granit et ses analogues, ainsi que les schistes, dont l’ardoise représente une variété bien connue, partagent la même propriété, à la condition que les fissures qui les traversent soient suffisamment étroites. Aussi, bien que l’invasion incessante des eaux constitue l’un des principaux obstacles au travail du mineur, il est des exploitations qui restent tout à fait sèches, par suite de l’imperméabilité des masses encaissantes. L’ancienne mine d’étain de Bottalack, en Cornouailles, s’étendant sous la mer jusqu’à 700 mètres de la falaise escarpée et pittoresque par laquelle on y descendait, ne recevait pas d’infiltrations notables ; et pourtant, le toit granitique de cette mine était assez mince, en quelques points, pour que le roulement des galets, balancés par de fortes vagues, se fît entendre dans l’intérieur des galeries. Les houillères de Whitehaven, en Cumberland, pénètrent aussi sous la mer jusqu’à une distance de 3 kilomètres du rivage. Nous avons vu les galeries préparatoires du tunnel sous la Manche rester presque étanches sur plusieurs kilomètres, même dans les parties où elles étaient séparées du fond de la mer par une paroi argileuse peu épaisse. En dépit des appréhensions d’abord soulevées par le projet du percement du Mont-Cenis, le tunnel, sur son parcoure de 12 kilomètres, n’a rencontré que peu d’eau ; souvent même il fallut en aller chercher au dehors pour les besoins des ouvriers. Il en a été de même au tunnel du Saint-Gothard, d’une longueur de 15 kilomètres ; c’est à peine si, en quelques parties, des fissures profondes,