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Parfois le sulfate de chaux est associé À d’autres substances, qui donnent aux eaux des qualités thérapeutiques. C’est le cas pour les sources froides de Contrexeville et de Vittel dans les Vosges, et pour les sources chaudes de Baden en Argovie et de Schinznach. La minéralisation est due ici à la présence de substances solubles, sulfate de soude et de magnésie, que fournissent les assises gypseuses et dolomitiques du trias. A Birmenstorf, on imite artificiellement ce lessivage naturel des roches de gypse : suivant les couches sur lesquelles il s’opère, il dissout, en quantité prédominante, l’un ou l’autre sel, de manière à constituer deux sortes d’eaux médicales. Les sources purgatives de Sedlitz, Seidschütz, Püllna en Bohême, très employées surtout avant qu’un forage en eût fait découvrir d’analogues à Buda-Pesth (Hunyady-Janos), tirent leur sulfate de magnésie de la marne, tertiaire qu’elles ont traversée, et cette corrélation une fois reconnue, on est parvenu, il y a plus d’un demi-siècle, à obtenir un résultat tout à fait semblable par le lavage de la roche. Cette expérience a été le point de départ de l’industrie des eaux minérales artificielles.

L’origine de la plupart des eaux sulfureuses ou, pour mieux dire, celle de leur sulfure de calcium, s’explique par la facilité avec laquelle les sulfates peuvent céder leur oxygène aux substances organiques ; ce qui arrive notamment lorsque des matières charbonneuses, lignite, houille ou bitume, se trouvent associées au gypse. Le type des eaux de cette catégorie est fourni par les sources d’Enghien, qui sont supportées par une marne contenant à la fois du sulfate de chaux et des résidus végétaux. La réaction est d’ailleurs saisie sur le fait dans les mines de Manosque (Basses-Alpes), où le lignite avoisine des bancs gypseux ; l’hydrogène sulfuré se dégage des eaux d’infiltration assez abondamment pour que, malgré l’activité de l’aérage, il affecte parfois douloureusement les yeux des ouvriers.

Constituant une des familles les plus importantes pour l’hygiène, les sources gazeuses ou acidulés se rattachent par leur origine aux exhalaisons d’acide carbonique, l’un des phénomènes les plus remarquables de l’économie interne du globe. Le plus ordinairement, c’est à proximité de volcans actifs ou éteints et d’anciennes roches volcaniques, basaltes et trachytes, que sont groupées les émanations d’acide carbonique, ainsi que les sources qu’il caractérise. Le plateau granitique de la France centrale, dans la chaîne des Puys, comme dans les massifs du Mont-Dore, du Cantal et du Vivarais, en exhale chaque jour des torrens, soit à sec, soit en dissolution, dans plus de cinq cents sources. On peut signaler Royat avec ses bouillonnemens tumultueux, Saint-Allyre à Clermont, Saint-Nectaire, où tous les suintemens du sol, même les fossés des routes,