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les eaux souterraines.


vir, ces offrandes faites aux sources salutaires. La fouille a rencontré aussi des ex-voto, tels que la statuette en bronze d’un homme blessé à la jambe.

Certaines monnaies avaient été tellement corrodées par l’action de l’eau thermale que la figure en était indiscernable. D’autres, plus complètement atteintes encore, étaient percées et déchiquetées. Beaucoup enfin avaient été complètement dissoutes ; mais elles avaient engendré, aux dépens de leur bronze, des combinaisons nouvelles et solidement agglutinées. C’étaient des espèces minérales identiques à celles de la nature, par leurs formes cristallines et tout l’ensemble de leurs caractères du cuivre sulfuré, du cuivre pyriteux, du cuivre panaché. Les cristaux les plus abondans sont des tétraèdres réguliers, comme ceux du minéral appelé cuivre gris antimonial, dont ils ont la composition, l’éclat et les autres propriétés. Pour diverses médailles, l’étain du bronze était passé à l’état d’oxyde, et formait une croûte blanche à la surface de la pièce. Un véritable départ s’était donc opéré entre les élémens de l’alliage, en raison de la différence de leurs affinités chimiques. Dans toutes ces transformations, il semble que la nature, revendiquant ses droits sur ce que l’industrie humaine avait enlevé à son domaine, se soit plu, avec l’aide de l’eau minérale, à reprendre son bien et à reconstituer exactement les minerais de cuivre et d’étain que l’exploitation du mineur lui avait ravis, et d’où les fourneaux des métallurgistes avaient laborieusement extrait les deux métaux du bronze.

De plus, des tuyaux de plomb, placés en grand nombre dans le voisinage d’une somptueuse piscine en marbre blanc, avaient eux-mêmes subi une altération non moins énergique. Ils étaient profondément rongés, perforés, et, comme conséquence de leur dissolution, il s’était formé des minéraux à base de plomb, tels que le sulfure ou galène, et le chloro-carbonate ou phosgénite.

Parmi les composés fournis par le fer, la pyrite ou bisulfure de ce métal offre un intérêt particulier, à raison de son abondance dans l’écorce terrestre. A Bourbonne, comme dans le bassin de quelques autres sources thermales, à Aix-la-Chapelle, Bourbon-Lancy, Bourbon-l’Archambault, Saint-Nectaire, la pyrite a été saisie en voie de formation actuelle dans le bassin de la source, mais seulement dans les parties profondes et soustraites à l’oxygène atmosphérique ; ce qui explique pourquoi aujourd’hui l’observation de faits semblables est très rare, en comparaison des innombrables gisemens de pyrite qui existent dans les roches anciennes.

En raison des changemens que l’eau thermale fait subir aux corps inorganiques, il n’y a pas à s’étonner qu’elle agisse aussi sur les corps organisés. Des bois de pilotis servant de support à une ma-