les richesses en argent monnayé que nous attribuent les statisticiens étrangers ; par exemple : le docteur Soëtber, de Berlin, dont l’autorité est grande, plus de 3 milliards ; M. Newmann Spallart, de Vienne, 3 milliards 135 millions; M. Burchard, directeur de la Monnaie aux États-Unis, 3 milliards h70 millions; M. Ottomar Haupt, dans une publication récente, 3 milliards 1/2. Les statisticiens anglais et français s’en tiennent généralement à 2 milliards 800 millions. Ces exagérations proviennent de ce qu’on a relevé les chiffres du monnayage, qui a été en effet plus considérable chez nous que partout ailleurs, mais qu’on n’a pas suivi d’assez près les mouvemens économiques et commerciaux dont les oscillations ont transformé plus d’une fois notre stock métallique. Je suis loin de compte, comme on va le voir, avec mes prédécesseurs.
Depuis l’origine de notre système monétaire, en l’an V, jusqu’en 1847, il avait été frappé en pièces de 5 francs une somme de 3 milliards 813 millions (plus 162 millions en pièces divisionnaires). La fabrication de l’or à la même date s’élevait déjà à 973 millions. — En 1847, à propos d’un débat sur la circulation de la Banque de France, plusieurs députés d’une compétence spéciale, M. Benoît Fould, banquier expérimenté, M. Poisat, grand affineur de métaux, et le ministre des finances, M. Dumon, produisaient des évaluations qui faisaient varier l’instrument monétaire de la France, or et argent, entre 1,700 millions de francs et 2 milliards. Comment se fait-il que nos ressources métalliques se fussent amoindries de près des deux tiers en quarante-quatre ans et pendant une période de prospérité commerciale ? N’est-ce pas là un exemple saisissant de la subtilité avec laquelle la spéculation banquière sait exploiter les oscillations dans le prix commercial des métaux précieux, surtout au préjudice des pays qui reconnaissent deux étalons ? Les causes de cette déperdition sont diverses ; il en est une assez curieuse, qui n’a pas encore été signalée. Avant la réforme de 1816, les monnaies britanniques étaient en grand désordre. L’or était mésestimé au rapport de 1 à 15.21, au lieu de 15.50 en France ; il y avait donc un bénéfice assez notable à échanger l’or anglais contre l’argent français : nos voisins ne s’en faisaient pas faute. On lit dans le compte-rendu d’une séance des communes, en 1816, qu’un membre du parlement, M. Marryat, déclare qu’en 1814, se trouvant en France, u il apprit du directeur-général des finances que la quantité des guinées anglaises mises au creuset dans les Monnaies de France était si considérable qu’il était fort surpris qu’il en restât encore quelques-unes en Angleterre. » Ces échanges eurent en effet une importance exceptionnelle pour une époque où l’or n’était pas répandu comme plus tard ; et pour preuve, pendant les