lieu à l’agiotage le plus éveille, le plus subtil. Ils ont légiféré comme si l’équilibre du 15 1/2 était une loi naturelle et immuable. Dans l’espoir d’universaliser cette loi prétendue, ils ont laissé ouverte leur alliance, en invitant les autres peuples à y entrer. Une seule nation y adhéra plus tard, c’est la Grèce.
Le rapprochement sympathique des idées suscité par l’Exposition universelle de 1867 remit à l’ordre du jour les problèmes touchant aux relations internationales. Une conférence fut mémorable entre toutes, celle où l’on épuisa la question monétaire ; vingt et un états y étaient représentés, sauf la Hollande, qui venait d’adopter l’étalon unique d’argent, et qui depuis a répudié ce système; il y eut unanimité pour l’étalon unique d’or. Il était devenu apparent, au cours de la discussion, que l’unité de mesure dans les transactions universelles impliquait le choix d’un métal type, et que l’or seul répondait aux conditions voulues, que l’espoir de maintenir invariable un rapport de valeur entre deux métaux était chimérique ; et en supposant même qu’on décrétât la parité et la circulation universelle des monnaies avec la dualité des étalons, l’effort sournois de chaque peuple pour se débarrasser du métal en baisse aux dépens de ses voisins serait une cause toujours menaçante de querelle et de rupture. Ces considérations, fortement motivées, eurent du retentissement en Europe. Le gouvernement français s’en était ému. En 1868, il ouvrit une enquête à ce sujet auprès des chambres de commerce et des receveurs-généraux. Quarante-cinq chambres de commerce sur soixante-six et soixante-neuf receveurs-généraux sur quatre-vingt-sept émirent des avis favorables à l’étalon d’or unique. De son côté, le ministre des finances instituait une commission de quinze membres, choisis dans les diverses spécialités financières, et réunis sous la présidence de M. de Parieu, dont la haute compétence en ces matières est généralement reconnue. La discussion fut longue et approfondie. Le rapport de M. de Parieu, portant la date du 9 mars 1869, résume ainsi l’opinion de la majorité : — « L’étalon unique d’or est plus favorable que le double étalon à l’unification monétaire. — Il sera aussi plus avantageux pour notre commerce extérieur. — Il est enfin plus propre à constituer une circulation intérieure à la fois stable et commode. » Quand ces conclusions furent émises, la réforme eût été facile ; déjà, pour ainsi dire, elle était accomplie dans la pratique; l’or était surabondant, et l’argent raréfié ne dépassait pas la quantité indispensable pour le service des appoints et du menu détail. Les quatre peuples coassociés dont la circulation métallique était analogue à celle de la France n’auraient probablement pas fait obstacle, et l’imprudence des négociateurs de 18p5 se serait ainsi trouvée corrigée. Au moment où la réforme semblait prochaine, le ministre des finances.