et le tableau de la Mise au tombeau (galerie Borghèse), il aborde des sujets plus compliqués. Si, dans le premier de ces ouvrages, il atteint du premier coup la noblesse de style et la beauté d’ordonnance qui conviennent à ce procédé cependant nouveau pour lui, il se trouve, au contraire, dans la Mise au tombeau, en face de difficultés que, malgré un travail opiniâtre et des remaniemens successifs, il ne parviendra pas à vaincre entièrement. Le caractère même de cette donnée, peu en rapport avec la nature de son talent, et les préoccupations auxquelles il a cédé au cours de l’exécution, expliquent l’infériorité relative d’une œuvre qui, avec le désir évident d’imiter Michel-Ange, montre une contrainte, une emphase un peu théâtrale et une raideur qui, chez le maître, sont tout à fait exceptionnelles.
Mais pour n’avoir pas abouti dans cette œuvre, tant d’efforts ne devaient pas être perdus, et cette période de la vie de Raphaël a été particulièrement féconde. Déjà célèbre, il s’appartenait cependant encore, et il avait pu à son gré disposer de son temps pour les études incessantes par lesquelles son talent achevait de se mûrir. Désormais, il est prêt pour les grands travaux qui l’attendent. Bientôt, en effet, signalé par Bramante, son compatriote, à l’attention de Jules II, il est appelé par celui-ci à Rome, où, dès le mois de septembre 1508, nous le voyons installé au service du pape. Le théâtre, cette fois, est digne de lui, et il se trouve d’emblée au niveau de cette situation, la plus haute qui pût alors être offerte à un artiste. Son portrait (musée des offices), peint par lui avant son départ de Florence, peut-être pendant un séjour fait à Urbin, nous montre cette tête bien connue, intelligente et fuie, assez petite sur un large cou, ces yeux bruns au regard à la fois ardent et profond. Avec son teint olivâtre, ce visage imberbe produit une impression singulière de fermeté et de douceur, et donne l’idée d’une énergie morale bien supérieure à la force physique. L’élégante simplicité de la coiffure et du costume complète cet ensemble, et achève de caractériser une physionomie très personnelle.
Jules II comprit bien vite quel utile concours il allait trouver dans ce jeune artiste, dont l’humeur hautaine et farouche de Michel-Ange lui faisait mieux encore apprécier la bonne grâce et l’aimable docilité. Chargé par le pontife de l’importante décoration de la Chambre de la Signature, au Vatican, Raphaël consacra trois années à l’exécution du programme qui lui avait été tracé. L’effet produit par son œuvre fut immense, et si l’on se reporte à ce qui s’était fait jusque-là en ce genre, on peut comprendre l’admiration unanime qu’éprouvèrent les contemporains. En présence du résultat obtenu, Jules II confia immédiatement à l’artiste les peintures de la Chambre