Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 83.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ans les caisses rurales de prêt d’après le type Raiffeisen. Le succès n’a pas tardé à couronner son énergique effort ; grâce à un continuel travail de propagande, il a réussi à établir trentre-quatre de ces associations en divers villages de la Vénétie ; une petite revue mensuelle, la Cooperazione rurale, développe le mouvement, consigne les progrès et les avantages de l’institution. « Combattre l’usure, raviver l’industrie languissante des petits cultivateurs, leur assurer l’appui du capital, voilà mon but, » écrit M. Wollenborg. Les prêts oscillent entre un maximum de 600 et de 25 livres, et, comme pour les banques populaires, n’entraînent que des pertes insignifiantes ; ils ont en général pour objet l’achat d’une paire de bœufs, d’une vache, d’un cheval, de brebis, parfois de fourrages ou d’instrumens aratoires. Plus d’animaux, plus de lait ; plus de fumier, meilleure récolte. Tel associe qui a acheté une vache a pu, avec le gain du lait et du fromage, payer sa dette à la société et conserver le veau de la bête, résultat qu’il n’aurait jamais obtenu sans ce concours. L’économie et la morale trouvent également leur compte à cette œuvre, qui a réuni les suffrages du congrès international agricole de Budapest en 1885.

La loi belge de 1884 autorise la caisse d’épargne, instituée sous la garantie de l’état, à consentir des prêts aux agriculteurs, et le gouvernement déclarait à ce moment qu’en 1885 elle pourrait mettre à leur disposition 15 millions de francs. En établissant un privilège agricole, elle a voulu donner aux préteurs une sécurité entière, aux emprunteurs le moyen de se procurer des capitaux à un taux avantageux ; ce privilège agricole se trouve d’ailleurs primé par celui du bailleur et par les créanciers hypothécaires inscrits avant lui. L’organe essentiel des prêts agricoles, c’est le Comptoir, association de personnes intermédiaires entre la caisse d’épargne et les emprunteurs. Il garantit les remboursemens, ses membres demeurent solidairement responsables envers elle, et doivent fournir des sûretés, hypothèques ou nantissemens de valeurs. Jusqu’à ce jour, il n’a été constitué que deux comptoirs agricoles, l’un à Thuin, l’autre à Genappe ; au 30 novembre 1885, ils avaient négocié 41 prêts agricoles pour une somme de 409,050 francs ; 9 de ces prêts restaient au-dessous de 1,000 francs, 23 allaient de 1,000 à 10,000 francs, les autres variaient de 10,000 à 100,000 francs. Cette loi, en somme, n’a presque rien produit, parce que nul n’a intérêt à fonder les comptoirs agricoles qu’elle prévoyait, parce qu’aussi, dans une période de baisse des prix, personne, en général, n’a intérêt à emprunter ; quand l’amélioration produira ses fruits, les prix en baisse n’apporteront que des déceptions. En Angleterre et en Écosse, les agriculteurs s’adressent aux