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deux flancs nord et sud, la perturbation s’exagère et se mesure plus aisément ; les deux verticales, correspondant respectivement à chaque station, au lieu de concourir au centre de la terre, s’infléchissent l’une vers l’autre. Maskelyne s’aperçut que toutes les conditions nécessaires étaient remplies par une montagne du comté de Perth (Ecosse), le Shéallien, et son expérience a rendu cette taupinière plus célèbre que bien des cimes alpestres ou européennes incomparablement plus élevées. La somme des déviations atteignit 11 secondes 1/2, soit un peu moins d’un cinquième de minute, et la moitié de ce chiffre indiqua le rapport de l’attraction de toute la terre à l’attraction de la colline écossaise, puisque, sollicité par les deux influences, très inégales d’ailleurs, le fil à plomb se dirigeait suivant leur résultante. Cuber exactement le Shéallien n’était pas chose difficile, et Maskelyne s’imaginait que, vu l’homogénéité de la structure géologique de l’assise, il suffisait d’étudier quelques échantillons des roches constituantes pour en déduire la densité, puis la masse, de l’ensemble. Le poids du globe terrestre fut enfin mis en évidence à la suite de pénibles calculs, et le nombre trouvé s’accorde avec les résultats de Cavendish et de M. Cornu. Par malheur, le géologue Hutton en premier lieu, et Playfair après lui, ayant examiné plus attentivement le Shéallien, déclarèrent qu’il fallait corriger le poids spécifique de la montagne et estimer celui de la terre par la valeur 4.5 seulement, chiffre certainement trop bas. En 1880, des observations analogues ont été exécutées au pied du Fusiyama, la montagne sainte des Japonais, connue pour son aspect régulier ; l’expérimentateur, M. Mendenhall, s’est fort approché de la vérité (5.77).

En définitive, bien des mesures ont été effectuées, et plusieurs d’entre elles sont passablement discordantes. Lesquelles méritent la confiance des astronomes et des physiciens ? Nous répondrons que la marche suivie, après Cavendish, par M. Cornu, est la seule qui conduise à un résultat précis. Quant aux autres méthodes, elles sont ingénieuses, mais entachées d’erreurs impossibles à rectifier, car il faut ici connaître exactement la nature d’un sous-sol, d’un terrain minier, ou apprécier la densité d’une montagne, et l’inspection géologique la plus attentive est encore insuffisante. Une foule de perturbations locales, souvent dues à des influences de nature douteuse, troublent les phénomènes généraux, au point de les défigurer et parfois même de les masquer complètement. L’écorce terrestre est loin d’être homogène ; la pesanteur peut s’accroître d’une façon sensible au centre d’une vaste plaine, pour peu que, dans les couches sous-jacentes, il y ait une agglomération locale de matière. Si le pendule, transporté dans les îles, bat un peu plus