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kilomètres d’épaisseur. Suivant le même auteur, il y aurait transition brusque de la croûte durcie aux premières couches fluides. Hennessy, compatriote de Hopkins, a interposé entre deux une enveloppe de matières pâteuses ; il réduit d’autant l’épaisseur des parois de la coque, mais il déclare prudemment qu’il ne peut ni apprécier le degré de viscosité de son magma ni soupçonner les limites à partir desquelles cessent la mobilité parfaite ou la rigidité absolue. Il a fini par déclarer qu’après tout 30 kilomètres de matériaux résistans pourraient suffire à la rigueur, et cet aveu implique une adhésion presque sans restriction à la théorie du feu central. Pour étayer ses énoncés de quelques preuves, Hennessy observe qu’avec un globe primitivement fluide, les élémens ont dû se superposer dès le principe par ordre de densités, et qu’un refroidissement superficiel ne saurait faire replonger très bas les zones extérieures primitives. Cette circulation, dit-il, est presque impossible, parce que chaque nouvelle couche traversée, étant plus lourde que celle située au-dessus, résiste davantage, parce qu’aussi cette densité s’exagère à raison de la chaleur cédée aux portions moins chaudes venues d’en haut, et parce qu’enfin celles-ci, de plus en plus réchauffées et dilatées, tendent de moins en moins à s’affaisser, sans compter que les gaz issus de la masse en fusion ont adhéré aux scories flottantes et leur ont aidé à surnager. Résultat final : un noyau liquide entouré par un revêtement pâteux limité lui-même par une enveloppe attiédie. Toutefois, si l’on écoute l’archidiacre Pratt, adepte de la même école scientifique, Hennessy a été trop timide et a trop aminci la coque supérieure ; si vagues qu’ils soient, ses chiffres doivent être notablement forcés. M. G. Darwin (un fils du célèbre naturaliste) et M. Mallet ont conclu dans le même sens qu’Hennessy, à la suite de leurs études sur cette question u brûlante. » M. Mallet s’est même éclairé du secours de l’expérience, et il a vu d’assez gros fragmens de laitiers projetés dans des bains de scories liquéfiées s’enfoncer d’abord, puis revenir à la surface et y demeurer jusqu’à ce que l’excès de chaleur du foyer provoquât la fusion.

Les partisans de la solidité de l’intérieur de notre globe ont jadis beaucoup insisté sur un argument qu’ils croyaient péremptoire : l’absence de marées souterraines ébranlant la croûte externe et s’accentuant aux syzygies avec production d’effroyables tremblemens de terre. Depuis bien des années, Delaunay a tranché sans réplique toute difficulté ; l’argument n’a de valeur que s’il s’attaque à un fluide parfait, comme celui des mathématiciens. Au contraire, le liquide intérieur des défenseurs du feu central constitue une masse visqueuse équivalant en pratique à un solide non-déformable. Si des observations même superficielles dénotent dans l’eau