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En 1835, les perturbations souterraines ont également exhaussé le littoral du Chili, depuis Copiapo jusqu’à l’Ile de Chiloé, de 1m, 20 à 1m, 50.

Assez rares dans nos régions, où ils semblent toutefois, depuis quelques années, redoubler d’intensité, ces phénomènes sont très fréquens dans d’autres parties du monde. Il résulte des relevés de M. Fuchs qu’on en constate, en moyenne, de 100 à 150 par année, sans tenir compte des secousses légères, que l’on remarque à peine dans certains pays, non plus que de celles qui se produisent dans les solitudes de l’océan. Il s’en faut donc de beaucoup que l’action de perturbations semblables sur la surface de notre globe soit insignifiante dans l’ensemble, même dans le cours d’une année.

Faut-il admettre, avec certains géologues, que la cause de ces perturbations soit due au mouvement de retrait ou de contraction de notre globe, par suite du refroidissement de la planète, retrait qui provoque l’expulsion au dehors des blocs de matières rejetés par les volcans ou ramenés à la surface, sous forme impalpable, par les sources minérales ? Convient-il de les attribuer, au contraire, à des affaissemens locaux de l’écorce terrestre auxquels correspondent des exhaussemens sur d’autres points ? La première hypothèse est la plus généralement admise, et, de l’ensemble des observations faites, il résulte que la force qui tend à surexhausser le sol et l’a soulevé en certaines localités à des milliers de mètres de hauteur, l’emporte en énergie sur les forces contraires.

La profondeur à laquelle se produisent ces actions dynamiques varie suivant les sites. La plus considérable qu’ait cru pouvoir constater M. R. Mallet ne dépasse pas 48 kilomètres, chiffre vérifié depuis par M. Oldham, lors du tremblement de terre de Cachar, aux Indes. Dans la plupart des cas, cette profondeur est loin d’être atteinte, et c’est à quelques kilomètres seulement, souvent moins, de la surface de l’écorce terrestre, que se produisent ces phénomènes d’explosion, ainsi que nous l’avons pu constater nous-même en Océanie. Quant à la vitesse de propagation de la secousse imprimée, elle subit, elle aussi, des variations considérables, suivant le relief du sol. De Humboldt l’estimait à 830 mètres par seconde. En 1843, lors du tremblement de terre de la Guadeloupe, M. Ch. Deville constata une vitesse moyenne de 2,426 mètres par seconde dans la transmission de l’oscillation à Cayenne. Certaines de ces secousses se propagent à de grandes distances. Celle qui détruisit Lisbonne, le 1er novembre 1755, s’étendit en Italie, en Thuringe, aux îles britanniques, en Finlande, jusqu’aux Antilles et au Canada. Au Chili, en 1822, l’oscillation se produisit instantanément sur 450 lieues de côtes. Lors de l’explosion du volcan du Cotopaxi,