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Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 83.djvu/243

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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La seconde quinzaine d’août a donné pleinement raison aux spéculateurs qui ont eu foi dans un mouvement général de reprise sur les fonds publics, nationaux et étrangers, et ont opéré conformément à cette conviction, en dépit de l’émotion diplomatique causée en Europe par l’entrée du prince de Cobourg en Bulgarie, des craintes éprouvées au sujet de la santé de l’empereur d’Allemagne et de l’état incertain et instable du marché monétaire à Londres.

La Russie et la Porte ont protesté avec une grande vivacité contre la violation du traité de Berlin commise par le prince Ferdinand de Cobourg. On peut croire, d’après des dépêches multiples et d’origine diverse, que le gouvernement de Saint-Pétersbourg a été même jusqu’à mettre la Porte en demeure de prendre des mesures énergiques contre l’usurpateur. Mais à Constantinople, on ne parait nullement disposé à une intervention positive, et les ministres du sultan se sont contentés jusqu’à présent d’adresser de nombreuses notes circulaires aux puissances. C’est une opposition toute platonique et qui ne semble pas avoir sensiblement intimidé le nouveau prince de Bulgarie.

La protestation de la Russie a été appuyée par la France et surtout par l’Allemagne. Le gouvernement de Berlin a mis une telle affectation à se déclarer prêt à soutenir les résolutions qui pourraient être prises à Saint-Pétersbourg, que l’on en a voulu inférer, trop vite vraisemblablement, qu’une entente était déjà établie entre les deux empires, et que, si la Russie venait à se décider pour une occupation armée de la Bulgarie, elle était assurée de l’assentiment de l’Allemagne.

Mais on est convaincu, dans les cercles financiers et politiques de l’Europe, que la Russie n’ira pas au-delà, pour l’instant au moins, de la protestation officielle déjà lancée contre l’entreprise du prince Ferdinand, et que l’envoi de troupes russes à Varna et à Sofia n’est pas à redouter. L’Angleterre, l’Autriche et l’Italie se sont bornées à déclarer illégale la résolution adoptée par le prince de s’emparer de fait du gouvernement de la principauté.

La conviction que la question bulgare ne sortira pas encore, de quelque temps, du domaine diplomatique, est si générale, que tous les marchés l’ont exprimée à la fois par la hausse des fonds d’états. L’italien, par exemple, a été compensé le 16 courant à 96.85 ; il s’est