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REVUE DRAMATIQUE

LA CONDITION DES COMEDIENS

II.[1]
AU XVIIIe SIÈCLE, JUSQU’A LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.


Les Comédiens hors la loi, par Gaston Maugras, 1 vol. in-8o ; Calmann Lévy, éditeur.


En ce temps-là, — au XVIIIe siècle, — un comédien, chez nous, n’est pas notre semblable ; il faut croire que sa profession, comme le veut Rousseau, « le rend propre à toutes sortes de personnages, hors le plus noble de tous, celui d’homme, qu’il abandonne ; » son état dans la société est doublement un état d’exception : il est un ilote, il peut être une idole, mais un homme, non !

Ce n’est qu’en France, il faut l’avouer, que ce régime est en vigueur. « Pauvre nation, gémit Voltaire, qui n’existe actuellement en Europe que par les beaux-arts, et qui cherche à les déshonorer ! » Lekain n’a pas tort d’écrire à Garrick : « Vous êtes dans les bonnes grâces de votre clergé, et le nôtre nous envoie à tous les diables ; vous êtes votre

  1. Voyez la Revue de 15 août.